vendredi, juin 08, 2007

Pas besoin d'aller bien loin


Un texte d'Angéline, qui travaille avec les Roms à Tours. Pour plus d'infos, romeurope.org.

Pas besoin d’aller bien loin…

Yougoslavie, hiver 1995. Ismet, Slobo et les autres quittent le Kosovo, sous les bombes qui les ont détruits et menacent leurs familles…
Tours, hiver 2007. Leurs enfants, Emra Yastreb et les autres, partagent avec moi le même amour de la danse. Une rencontre. 70 personnes, dont la moitié d’enfants vivent là, dans un ghetto de préfabriqués. 12 m² par famille. Un camp provisoirement installé par la mairie (en sursis de mois en mois) à 2km du premier bus, sur une plaine joliment appelée « la Gloriette ».
Autour d’un café, Romano Radio en fond, chacun me raconte son périple. Souada, 20 ans, enceinte, me raconte comment elle a laissé sa famille pour fuir avec celle de son mari. Et puis, il y a aussi Dalibor qui ne peut pas honorer le CDI qu’il a trouvé. Des dérogation de droit au travail existent pour les personnes non régularisées….au bon vouloir du préfet….et puis un couple dont la femme est gravement malade et qui a alors reçu un titre de séjour comme résidente étrangère malade. Elle a donc le droit de travailler… mais pas son mari. Puisqu’il est en pleine forme, il n’a pas eu ce titre de séjour…. Ou encore Isko 18 ans, qui vient de revenir de deux mois de rétention administrative, puisque contrôlé en situation irrégulière….

Mais qu’ont fait ces gens pour être dans cette situation ??? Ils sont Roms et viennent des Balkans. Un peuple qui, là-bas est rejeté, menacé de mort en permanence, aux villages brûlés ou rasés. Un peuple qui, ici non plus n’est pas le bienvenu. On leur reproche de ne pas entretenir la propreté de leur « site d’accueil », de ne pas envoyer leurs enfants à l’école, de faire la fête aussi… Mais protégés par le Haut Commissariat aux Réfugiés, ces familles ne peuvent pas être renvoyées là-bas. « Non-expulsables », comme 60 000 autres personnes en France. On leur propose bien de les aider à rentrer, en leur octroyant une prime dès leur retour dans les Balkans. Une personne de confession juive par exemple, exilée en pays allier, aurait-elle en 1943, acceptée de rentrer en France, malgré une prime ?... Autant d’absurdités et d’impasses qui existent ici, au pays des droits de l’Homme…

Un peuple errant. Autrefois par choix, aujourd’hui par survie. Quel avenir pour ces personnes? Ce qu’ils demandent ? Pas grand-chose, juste un peu de dignité humaine. Le droit de travailler, un endroit où dormir un peu plus décemment et puis pouvoir amener leurs enfants à l’école. Vivre et subvenir aux besoins de leur famille, en somme.

Chacun se rejettent la faute. A quoi bon, ils sont là. Un jour peut-être l’Homme accueillera ses frères dans la dignité. Un jour peut-être. Ne pouvons-nous pas leur préserver un bout d’enfance malgré tout ce qu’ils ont pu subir ? Un espoir serein de grandir ? De vivre, Malgré tout.
En attendant, Antonella regarde pousser ses tomates, Nano et Alex jouent au ballon, Samuel me réclame une histoire, Emra chante, Zana et Dorlanda dansent pour des jours meilleurs …

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