dimanche, décembre 17, 2006

Ecole et 21eme siecle


Un article interessant de Time Magazine s'ouvre sur cette petite histoire : un homme se reveille au 21eme siecle apres un long sommeil d'une centaine d'annees. Il ne reconnait rien, les gens se parlent avec des tiges en metal attachees a leurs oreilles, les jeunes font bouger des petits bonhommes sur des ecrans, les vieux ont des hanches en plastique, les hopitaux, les aeroports ou les centres commerciaux n'ont rien a voir avec ce qu'il a connu. Mais quand il entre dans une salle d'ecole, il sait tout de suite ou il est : "C'est une ecole. On avait les memes en 1906. Ah nonm nous le tableau etait noir, il est vert maintenant."


Provocation introductive pour parler des defis que l'Ecole (americaine dans l'article, mais je pense que c'est assez largement valable pour la francaise...) doit aujourd'hui relever si elle veut s'adapter au monde moderne. On ne parle pas d'adaptation au monde de l'entreprise, a la francaise, mais juste a la maniere dont le monde tourne aujourd'hui.


Connaitre le monde et ses habitants, etre capable de penser la nouveaute, etre capable de discernement vis a vis des nouvelles sources d'informations, apprendre a gerer les relations humaines, penser international...


Exemples a l'appui d'ecoles experimentales, l'article pose un certain nombre de pistes de reflexion...pour notre Ministre de l'Education version 2007? Insh'Allah!


Illustration: Nasser Ovissi, artiste iranien...
Je m'apprete a aller voir Borat, l'esprit pas tout a fait neutre, apres la lecture de la bonne critique d'Arnaud.
Enfin, je vous conseille d'ecouter la chanson d'AKH (feat. IAM) "La fin de leur monde", disponible en haut a droite de cette page, ou, encore mieux, d'aller voir le clip. Une instru efficace, et quelques tres bon mots, pour une chanson engagee tous azimuts...d'ou sa longueur (11min)!

jeudi, décembre 14, 2006

Fin en douceur...

Mort en douceur de cet Incertain Regard... Eh oui, le séjour au Québec touchant à sa fin, il va falloir se renouveler... Normalement, quelque chose de beaucoup plus offensif et, surtout, de beaucoup plus collectif, bientôt (à la rentrée?).

Vous pouvez néanmoins continuer de venir faire coucou ces prochains jours (semaines?), je posterai mes découvertes internet, sinon mes humeurs. Et peut-être un spécial Obama from the States?

Merci aux lecteurs (et commentateurs!) réguliers , avec un spécial Big Up à la Roumanie, qui commençait à faire péter les statistiques, à l'Ontario , qui a bien failli passer devant le Québec en nombre de visites (mais pourquoi??), à l'Argentine, au Texas, à l'Italie et bien sûr à Bordeaux, qui a représenté le gros des visites!

Ah oui, j'oubliais... lâchez pas le morceau... on y arrivera!

mercredi, décembre 13, 2006

Le Pen se renouvelle


Campagne choc du Front National, avec 6 nouvelles affiches (j'avoue, ça me fait un peu mal de mettre un lien vers le site du FN). Du travail pour les arracheurs et colleurs pour faire disparaître tout ça!

lundi, décembre 11, 2006

Ripostes à Sarkozy...Sarkozy sur Ripostes (Edité)


Le pauvre Moatti a eu du mal à gérer le Ripostes de cette semaine , qui après Villepin, Le Pen et Bayrou, accueillait Nicolas Sarkozy.

Première demie-heure en tête à tête, le candidat de l'UMP se montre tour à tour sous son visage lyrique ("le volontarisme et l'éspérance, M.Moatti!"), hardcore ("on a laissé venir n'importe qui en France, et c'est pour ça qu'il y a eu les émeutes"), nostalgique (ah, ces balades avec son grand-père pour aller siroter une orangeade... il en retrouve même un accent de gamin qui mange les syllabes), anti-presse ("croire vos confrères? vous êtes d'une naïveté qui vous rend sympathique, M.Moatti!").

Puis une heure de "débat" face à Gérard Filoche (inspecteur du travail socialiste), Serge Portelli (vice-pdt du tribunal de grande instance de Paris), Martin Hirsch (pdt d'Emmaus), Malek Boutih (chargé des questions de société au PS), Sylvie-Pierre Brossolette (rédactrice en chef du Figaro Magazine). Un gigantesque bordel, alors qu'il est seul contre 5 Sarko est aussi le seul à garder son calme, et pour chaque question qui pourrait le gêner un peu, il a son petit exemple, sa petite victime qui vient justifier sa politique de la sécurité. Sur le "modèle social français", il adapte un peu son discours à l'auditoire supposé de France 5, en disant qu'il veut "le défendre à tout prix", en s'assurant qu'il fonctionne "sans malhonneteté". A Filoche qui lui dit qu'il est dur avec les faibles, faibles avec les forts", il répond que c'est un scandale, un manque de respect incroyable...mais ne répond pas sur le fond. Combat de chiffres avec Portelli, qui réussit quand même à le déstabiliser avec un rapport des services du Ministère de l'Intérieur qui prouverait que...les chiffres de ce même ministère sont traffiqués. Rapport non-publié.

Et ça se finit en queue de poisson par la mort de Pinochet, "sans commentaire" pour Sarkozy.

En illustration, un tableau de Wosene Worke Kosrof, artiste ethiopien expatrié en Californie!

EDIT: Illustrant bien le changement d'attitude de Sarkozy qui "s'élève", la chronique (3 minutes) de David Abiker dans Arrêt sur Images.

EDIT 2: Un compte rendu de déjeuner avec Srakozy d'un journaliste d'i>télé. Il semble que l'histoire avec le grand père, on a pas fini de l'entendre.

dimanche, décembre 10, 2006

Offres de stages en ONG et OI


Parce que j'aime me citer:

"Dans le cadre de ses activités, FFIPP-I propose des stages dans des organisations partenaires en Israël et dans les territoires palestiniens. Il peut s’agir d’ONG locales, d’ONG internationales ou d’organisations internationales (UNRWA, UNOCHA, etc.). Le champ des activités possibles est très large : droits de l’Homme, éducation, droit, journalisme, culture, agriculture, syndicalisme, santé, bâtiment, animation, théâtre, cartographie, relations internationales, etc. En fonction de ses attentes et des besoins de l’organisation, le stagiaire aura l’opportunité de choisir entre différents types de mission (recherche, management, coordination internationale, terrain…).

Les stages sont ouverts à tous les étudiants, tous niveaux et disciplines confondus. Des stages courts (minimum un mois) sont possibles, ainsi que des stages longs dans le cadre d’un Master.

FFIPP-I offre une préparation au départ et un contact permanent en Europe, une coordination locale, ainsi que le logement sur le lieu de stage, en partage avec d’autres stagiaires européens ou américains."


Et si vous êtes intéressés, vous me contactez (mon mail est dans mon profil, à droite de la page)!

jeudi, décembre 07, 2006

Que faire?


Pour éviter que Sarkozy ne soit président. "Un destin en marche", paraît-il. Et le pire, c'est que ça pourrait être vrai...

Mardi, notre Ministre de l'Intérieur a fait adopter par l'Assemblée Nationale une dixième loi sur la délinquance depuis 2002. Sans discuter des résultats très contestables des 9 premières, on peut au moins s'arrêter, un peu choqué, en lisant que la loi "prévoit des sanctions dès l'âge de 10 ans et de la détention provisoire dès 13 ans".

10 ans, vous voyez ce que c'est ou pas? Vous avez pas un voisin, une petite soeur, un fils ou quelque chose qui ressemble à un môme de 10 ans? Et 13? Ca fait quelle taille un gamin de 13 ans? 1m50?

Et puis surtout, ça signifie quoi de les faire payer pour leur conneries? Que c'est de leur faute? Quel choix on a fait, à 13 ans (à 10!), qui fasse qu'on mérite d'être puni pour ses actes? On est responsables de ses actes à cet âge là? Au point d'être traité comme un adulte? Sur ce dernier point, une ordonnance de 1945 qui fait référence est claire:

L’ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945

-L’article premier de ce texte pose le principe selon lequel les mineurs auxquels est imputée une infraction qualifiée de crime ou de délit ne seront pas déférés aux juridictions pénales de droit commun et ne seront justiciables que des tribunaux pour enfants et des cours d’assises des mineurs.
-Si le principe du privilège de juridiction reçoit ainsi une application, le juge des enfants, par dérogation au principe de séparation des fonctions d’instruction et de jugement, dispose des pouvoirs d’instruction, de jugement et de révision des décisions.
-Les mineurs bénéficient d’une présomption générale d’irresponsabilité, celle-ci n’étant susceptible de dérogation qu’à titre exceptionnel pour les mineurs de 13 à 18 ans.
- Pour les mineurs de moins de 13 ans, cette présomption d’irresponsabilité est absolue, la juridiction compétente devant choisir des mesures éducatives sans pouvoir opter pour des sanctions pénales.

-Pour les mineurs de plus de 13 ans, la présomption d’irresponsabilité est simple, la juridiction compétente devant opter pour des mesures éducatives mais pouvant choisir exceptionnellement des sanctions pénales "lorsque les circonstances et la responsabilité du mineur paraîtront l’exiger".
- Cette même ordonnance crée au sein du ministère de la justice, la direction de l’éducation surveillée, détachée de l’administration pénitentiaire.

(voir le très complet dossier "Jeunes et Justice 1945-2005" de Vie Publique)

Et c'est sans compter que la "délinquance juvénile" supposément en hausse ne l'est que selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, et pas selon ceux de la Justice.

Il y a aussi, anecdote qui fait mal, ce Carrefour qui interdit l'entrée aux mineurs. Vous ajoutez la bavure des CRS dont j'ai déjà parlé. Et tant d'autres faits divers, opposés démultipliés des petites histoires que Sarko utilise pour justifier sa politique.

Petites histoires...pour grande crise?

Merci à Loïc d'avoir pris le temps d'écrire un mail sur le sujet, sans lequel cette épisode législatif n'aurait pas attiré mon attention plus que ça... D'ailleurs pourquoi si peu de réactions dans le monde politico-associatif?

mercredi, décembre 06, 2006

Poésie du flocon


La neige, comme la musique, adoucit les moeurs. Alors quand il neige et qu'en plus il y a de la musique...

C'est la fin de la session à Québec. C'est un peu comme une veille de partiels qui dure trois semaines. Nous remplissons des pages et des pages d'études de cas, de théories bizarres et de commentaires pas toujours pertinents. Ca va vite, très vite, les journées sont très courtes (la nuit noire est à 15H30), le compte à rebours s'accélère.

Il y aurait presque de quoi déprimer s'il n'y avait pas la neige. La neige... Après une tempête en fin de semaine dernière, d'une violence qui a même fait parler les Québécois, on alterne les jours de grand soleil et les jours où la neige tombe tout doucement. Comme dans un film. Ou comme au ski. Et franchement, sortir de cours en se croyant au ski (les chasses neige font même le bruit des dameuses à l'ocassion, ça doit être pour le folklore), c'est agréable.

En plus, ma grand-mère m'approvisionne en petites gâteries pour lutter contre le froid et les longues nuits. L'hiver est cosy.

Mephisto de Klaus Mann, m'accompagne dans tout ça. Vous aurez l'occasion d'en entendre parler...

Pour pas perdre le fil, un billet mélancolique sur la mort du supporteur du PSG il y a une quinzaine de jours. Incertain regard...et peu de certitudes.

mardi, décembre 05, 2006

Ségo au Moyen Orient, suite


Pour un premier voyage en tant que candidate socialiste, elle est gâtée, Ségo! D'abord, pour clore le dossier de la polémique sur le représentant du Hezbollah qui aurait comparé l'occupation israélienne à l'occupation nazie, il s'avère que ce qu'a traduit l'interprète à Royal et à l'ambassadeur est : "Nous nous inspirons de toutes les formes de résistance contre les occupants, y compris les méthodes utilisées par la Résistance contre les nazis". Ce n'est donc pas une comparaison stricto sensu, et les Douste Blazy (!), Sarkozy et MAM sont montés un peu vite au créneau.

Par contre, Ségolène a décidé de ne pas rencontrer le Hamas, et qualifie le mouvement de terroriste lors d'une rencontre avec des responsables israéliens. Dommage, sa ligne de conduite selon laquelle il faut "parler avec tous les représentants élus", en vertu de laquelle elle a discuté avec ce député du Hezbollah, était rafraîchissante...

A t'elle cédé à la pression de la droite en France? Peut-être... En tout cas, et on ne peut que s'en réjouir, les israéliens ont accueillis Ségo avec un grand respect. Dans Le Soleil (mon quotidien ici, ça vaut pas Le Monde, mais c'est pas cher...), on rapporte même un lapsus d'Olmert qui aurait dit juste avant la rencontre "je dois rencontrer quelqu'un qui devrait être Président de la France". Le CRIF a applaudi aux déclarations de la candidate, qui sont finalement restées dans la ligne de la politique française.

Espérons que Royal saura continuer à parler du sujet pendant la campagne, et défendra une position juste...et donc originale.

C'est dans l'air (émission du 5 décembre) fait une bonne synthèse de l'affaire, avec quelques flèches pour Sarko.

Photo: Ségolène Royal et Tzipi Livni, ministre des Affaires Etrangères d'Israël.

L'Illusion comique du Groupe 33!

Pour les bordelais, le Groupe 33, éminente troupe de théâtre de notre belle ville, joue L'Illusion Comique de Corneille au Centre Argonne (cours argonne) depuis hier, et ce jusqu'au 12 décembre. Assurément, il faut reserver au 05 56 04 30 78.

Aucun doute, the place to be!

lundi, décembre 04, 2006

Ségo au Moyen Orient


Vous savez que Ségolène Royal est en ce moment au Proche Orient. Elle essaie de se tailler une stature de présidente qui aura à gérer des dossiers internationaux chauds, stature qui lui manque un peu jusqu'ici (voir sa bourde sur l'Iran).

Au Liban, elle a rencontré des représentants d'à peu près toutes les formations politiques, placant sa visite sous le signe de la disccusion avec les réprésentants démocratiquement élus, quels qu'ils soient. Lors d'une rencontre avec des députés libanais, un représentant du Hezbollah a comparé l'occupation israélienne au nazisme. Il semblerait que la traduction dont bénéficiait Ségolène et ses conseillers n'ait pas mentionné cette comparaison, alors que celle qui était destinée aux journalistes en a fait mention. Du coup, scandale: "pourquoi la candidate n'a t'elle pas immediatiement quitté la salle?"

Pour Fillon, il s'agit d'une "faute lourde". D'ailleurs, pour lui, c'était déjà une faute de parler avec le Hezbollah. La droite dans son ensemble a stigmatisé l'attitude de la socialiste, en qualifiant ses idées sur le Proche Orient de "simplistes".

N'étant pas un partisan fervent de Mme Royal, je le dis d'autant plus librement: elle a fait preuve de courage en restant au Liban alors que le pays est dans une situation assez instable, elle a fait preuve d'ouverture en rencontrant des responsables de tous bords, et en plaidant pour la reprise des aides des pays occidentaux à l'Autorité Palestinienne de Gaza, elle marque des points dans mon coeur. Voir elle remonte dans mon estime.

Pour mémoire, Lionel Jospin, quand il était PM, avait très mauvaise presse en Palestine, après avoir fait une sortie peu diplomatique sur le Hezbollah "terroriste" et les frappes israéliennes qui "frappent aussi peu que possibles les populations civiles" en 2000. Du coup, dans les Territoires, on en est réduit à s'entendre dire que Chirac est un dieu (en nette baisse cette année toutefois). Ségo en nouvel espoir français du peuple palestinien?

A noter également cette citation d'un sarkoziste, Christian Estrosi: "Sarkozy est le candidat naturel des électeurs juifs", dans Haaretz. Voir Libé, et Alain Gresh.

samedi, décembre 02, 2006

Petites histoires...pour grande crise? (1)

Je vous invite à aller lire l'histoire de quatre jeunes gens qui ont passé 6 semaines en prison pour rien, à cause des mensonges de quelques CRS, qui ont été démasqués un peu par hasard, grâce à une cassette de vidéosurveillance. Pour une fois que ça sert à quelque chose...

Alliance vs. clash des civilisations

J'ai découvert dans les toutes petites lignes de la presse que le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, appuyé par les PM espagnol et turc MM.Zapatero et Erdogan, avait mis sur pied un "Comité de sages", composé de sommités internationales du monde universitaire, religieux et politiques, et destiné à "combattre les divisions, les préjugés, les incompréhensions entre les cultures, notamment islamiques et occidentales, qui menace de manière potentielle la paix dans le monde".

Ce rapport a été rendu public le 13 novembre dernier, mais personnellement j'ai loupé son traitement dans la presse, s'il y en a eu un.

Si la version française est effrayante (ça fait un peu penser aux traductions automatiques sur internet), et si les premières pages, même en anglais, sont assez dégoulinantes de bonnes intentions et de valeurs ressassées, il y a tout de même des réflexions très intéressantes sur le fossé qui se creuse entre civilisation musulmane et occidentale.

Le conflit israélo-palestinien est abordé, l'Alliance lui reconnaissant une place centrale sinon exlusive dans l'élargissement du fossé. Le rapport contient un certain nombre de recommandations, dont la rédaction d'un Livre Blanc sur le conflit israélo-palestinien, afin de permettre à "deux narrations en compétition" de s'exprimer et d'être audible pour l'Autre.

Très important à mon avis, parce qu'à l'encontre de ce qu'on veut nous faire croire autant sur Israël et Palestine que sur les autres conflits globaux: le rapport ne reconnaît pas à la religion une place centrale dans l'élargissement du fossé civilisationnel. Au contraire, il souligne l'aspect politique des conflits en cours ou latents, la religion ayant parfois un rôle instrumental dans l'opérationnalisation de ces conflits.

L'importance de l'éducation est mise en avant. L'altérité, les médias, la religion, l'Histoire: autant de domaines sensible dans lesquels des programmes globaux pourraient être mis en place pour générer des ponts plutôt que des Murs...

Le rapport fait une quarantaine de pages, une bonne base de réflexion pour les incultes des RI comme moi, peut-être un peu frustrant pour les spécialistes!

En photo, le pont qui relie la partie occidentale et orientale d'Istanbul, où l'Alliance est née en juillet 2005.

jeudi, novembre 30, 2006

Bienvenue dans la Nation Québécoise! Mais où êtes vous?


Il y a quelques jours, la Chambre des Communes du Canada a reconnu le Québec comme une nation à part entière. Cette reconnaissance, qui fait couler beaucoup d'encre au Canada anglophone comme au Québec, est le fruit de la volonté du Premier Ministre fédéral conservateur, Stephen Harper, qui a ainsi voulu couper l'herbe sous le pied du Parti Libéral du Canada (fédéral aussi) qui s'apprêtait à voter une motion dans ce sens lors de son congrès de résurrection qui se tient en ce moment même.

Au Québec même, la résolution divise, entre les fédéralistes qui sont ravis et trouvent que c'est un progrès notable qui doit ramener les Québecois dans le giron de la fédération (puisque celle-ci reconnaît la spécificité du Québec, plus besoin d'indépendance) et les souverainistes qui ne voient là qu'un "caramel" jeté aux Québécois pour faire taire leurs ardeurs nationalistes.

Les enjeux de cette résolution, qui ne devrait pas se traduire par un transfert de compétences vers la Province, sont multiples: la motion reconnaît que "les Québécois forment une nation". Mais qu'est ce qu'un Québécois? Quelqu'un qui vit au Québec? Un francophone? Un descendant des colons français? Pourquoi les autochtones, reconnus en tant que "peuple" mais non en tant que nation, ne peuvent accèder à ce statut?

Pour les anglophones du reste du Canada, cette reconnaissance risque de rouvrir la boîte de Pandorre constitutionnelle. En effet, le Québec n'a pas reconnu la Constitution canadienne rapatriée en 1981, estimant qu'elle ne respecte pas "l'esprit constitutionnel de 1867" selon lequel (pour les souverainistes) le Québec aurait des compétences supérieures.

Bref, loin de faire taire la question de la souveraineté, il semble que le vote de cette motion la ravive, en cristallisant l'opposition des anglophones des autres Provinces (pour qui il est inconcevable que le Québec ait un statut différent au sein de la fédération) et celle des souverainistes.

mardi, novembre 28, 2006

En attendant...


Puisque le suspens au Moyen Orient nous tient tous (je n'en doute pas) scotché au fil de dépêches AFP, mais comme les dépêches ne tombent finalement pas si souvent que ça (je pense que l'on peut même dire rien de neuf... ah... si.. que vois-je... "Le préfet de police de Paris annonce qu'il interdit l'accès à la tribune des supporteurs "ultra" du kop Boulogne du Paris SG pour le match contre Toulouse dimanche au Parc des Princes" ( dépêche AFP)...aucun rapport, mes excuses...), eh bien en attendant, donc, je vous propose de découvrir Le Journal du Futur, et notamment d'écouter cette séquence d'information sur la dissolution en grande pompe de l'ONU.

Prochaine fois que j'attendrai, je vous parlerai de la Nation Québécoise. Ben oui, c'est tout nouveau tout chaud, et vous pouvez voir ça sur Le Nouvel Obs, Le Monde, ou même AlJazera English.

22H42 Heure locale (21H42 en France, 15H42 au Québec) : Olmert dit qu'il en a marre que les roquettes continuent de tomber alors que "cessez-le-feu!". (AFP)

lundi, novembre 27, 2006

Proche Orient : il faut rester vigilant!


Il semblerait qu'Olmert, le Premier Ministre d'Israël, ait décidé de libérer des prisonniers palestiniens, degeler une partie des fonds qu'Israël doit à l'Autorité Palestinienne et entamer des discussions en vue d'un Etat palestinien "dans des frontières définies", suite au cessez-le-feu contracté par les Palestiniens et les Israéliens à Gaza.

Optimisme, donc...mais si vous regardez les petites lignes, dans la presse, vous vous apercevez que l'armée israélienne a tué lundi matin, près de Jenin, un combattant des Comités de resistance populaire (25 ans) et une femme (50 ans) qui tentait de lui porter secours. Le Combattant n'était qu'un leader de troisième ordre, et son assassinat a eu lieu au coeur des Territoires palestiniens.

Evidemment, les Comités ont promis une vengeance.

En cette période où toutes les télés vont parler de route vers la paix pavée par Israël, il faut rester vigilant à tous ces bas de pages. Parce que le jour où il y aura un attentat suicide en Israël qui viendra plomber les avancées d'Israël et de l'Autorité Palestinienne vers une éventuelle paix, il faudra se souvenir du chemin qui a mené à cet attentat. En cas d'échec des négociations à cause d'un attentat, Israël tentera de faire porter la responsabilité sur les Palestiniens (qui appellent depuis plusieurs moi à des négociations) qui, c'est bien connu, "ne veulent pas la paix". A nous d'être suffisament attentifs pour ne pas tomber dans le piège.

Photo: Vieille Ville d'Hébron, 2005. Plus de photos du même endroit, même époque en cliquant dessus.

Précarité, Flexibilité, vive l'été


Ce soir, l'idée, c'est d'abord un défi. Charline s'est endormie après trois lignes de cet article, que j'ai pour ma part trouvé intéressant. Ma mission : vous le résumer, synthétiser, et avec cela, vous faire rêver. Je l'ai promis!

Il s'agit d'un article de Jacques Le Goff, professeur de droit et ancien inspecteur du travail, qui revient sur notre saga CPE/CNE. Après tout, quoi de mieux que de se pencher de nouveau, avec du recul, sur ces contrats de travail et leur philosophie, qui nous ont tant fait marcher?

Les termes du débat, en en cet hiver2006 étaient les suivants: le gouvernement nous parlait de "flexibilité", nous lui répondions "précarité".

Le Goff distingue la flexibilité interne de la flexibilité externe. Pour faire face à un ralentissement de l'activité, l'entreprise peut jouer sur les temps de travail de ses employés ou sur l'organisation technique de sa production : c'est un ajustement qualitatif, qui n'entraîne pas de modification du nombre de travailleurs dans l'entreprise, la flexibilité est interne.

Mais pour faire face à ce ralentissement, l'entreprise peut aussi décider d'agir sur le nombre de ses employés. Soit en prévoyant à la base des systèmes lui permettant de se séparer facilement d'un certain nombre (en signant des contrats à durée determinée), soit en licenciant. Modification du statut des travailleurs, ajustement quantitatif, flexibilité externe.

Le premier type de flexibilité est très loin d'être paradisiaque : la logique du flux-tendus via par exemple l'annualisation des heures travaillées, est génératrice de stress et d'incertitude pour le travailleur. Cela étant, avec cette flexibilité, on parle aussi de polyvalence (pour s'adapter à la demande), donc de qualification supérieure. Dans tous les cas, c'est un moindre mal par rapport à la flexibilité externe.

La solution n'est donc pas de transiger avec les droits des travailleurs comme le faisait le CPE (et le fait toujours le CNE) dans le but de rendre plus facile la flexibilité externe. Au contraire, on devrait travailler à permettre la flexibilité interne, en améliorant les processus de formation des travailleurs, en mettant en place des systèmes de co-planification des horaires au sein des entreprises, pour que les variations d'activité soient anticipées et co-gérées.

Plus de flexibilité, oui, mais pas n'importe laquelle, et pas à n'importe quel prix.

(pas complètement sûr d'avoir réussi à vous faire rêver, là... Bon, j'éspère que j'aurai au moins rappelé de bons souvenirs à certains: "Météo nationale, météo du capital!" Au Québec, le capital est puissant...)

Globalement, l'Agence Intellectuelle Telos est un petite trouvaille avec plein de textes intéressants comme, au hasard, celui-là, sur le droit à la formation continue.

dimanche, novembre 26, 2006

On ne refuse pas une maine tendue


Ce soir, de mon point de vue, deux bonnes nouvelles (au moins). Abbas, le Président de l'Autorité Palestinienne, a téléphoné à Omert pour lui annoncer un cessez-le-feu unilatéral à Gaza, résultat d'un accord (fragile) avec tous les groupes combattants palestiniens. Et Meshaal, le chef politique du Hamas (réfugié/basé/caché en Syrie), a tenu une conférence de presse lors de laquelle il a menacé le monde d'une nouvelle Intifada si "le problème d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 n'était pas réglé dans les 6 mois".

Contradictoire? Pas vraiment. dans les deux cas, les Palestiniens font un très grand pas. Abbas (avec l'aide du PM Hanyeh) a réussi une fois de plus à convaincre les groupes de combattants qu'un cessez-le-feu entraînerait en retour des concessions israéliennes. De même, Meshaal parle des frontières de 1967...ce qui n'est pas nouveau, puisque dès son arrivée au gouvernement au début de l'année, le Hamas a proposé à Israël une "trêve de très long terme" pour peu qu'Israël se retire des territoires occupés en 1967. Le Hamas continue sa route vers la normalisation, comme l'OLP dans les années 1980.

Le problème, c'est que la normalisation de l'OLP à partir de 1989 (quand Arafat déclare à Paris que la charte de l'OLP est caduque) et tout au long des années 1990 (avec les accords d'Oslo notamment) a suscité un énorme espoir dans la population palestinienne...espoir déçu. Profitant des craquements de l'OLP sur la reconnaissance d'Israël, un mouvement plus intransigeant est né dès 1987 : le Hamas.

Où je veux en venir? Ici: si Israël ne prend pas la main que le Hamas lui tend, ou s'il la prend pour continuer à construire des colonies et à maintenir la pression sur les Territoires Occupés de l'autre main, un nouveau mouvement (ou un mouvement existant mais relativement marginal comme le Djihad Islamique), plus intransigeant, aura beau jeu de dénoncer les concessions faites par le Hamas pour tenter de le délégitimer...comme le Hamas a fait vis à vis de l'OLP.

Et on sera reparti pour 15 ans (et bien des morts des deux côtés) gâchés. Quand Meshaal parle "d'opportunité historique", on peut lui rétorquer qu'il y en a déjà eu tellement des opportunités historiques... Néanmoins, il faut garder ceci à l'esprit: chaque opportunité gâchée a pour conséquence une montée du niveau de frustration des palestiniens...et donc du niveau de violence.

samedi, novembre 25, 2006

Point trop n'en faut


Il y a des jours comme ça où je suis devant mon ordinateur, à 21H06, à l'heure où 60% des lecteurs de ce blog dorment du someil des Justes, et où je me demande bien sur quoi blogger...

Il y a bien cette grand-mère de Gaza qui s'est fait exploser, ou Haniey qui offre un cessez-le-feu à Olmert qui le refuse... Mais on me dit que je parle trop de Palestine.

Il y a bien un nouveau PDG-directeur de la rédaction à Libé, mais je me dis que vous le savez tous et que mon rôle n'est pas non plus de vous faire une revue de presse.

Il y a bien cet article de Daniel Schneiderman, sur AlJazera English, qui dit la même chose que moi, plus tard...mais beaucoup mieux.

Il y a cette nuit québécoise qui nous plombe au milieu de nos journées au froid piquant mais ensolleillé.

Et puis les morts en Iraq, l'espion russe empoisonné, les charniers au Congo, la balle dans le coeur du supporter du PSG, une nouvelle offensive des rebelles tchadiens, la Pologne qui empêche l'UE d'être pote avec Poutine, le Rwanda qui veut pas que la France pende son Président, Noiret qu'est mort, tout ça...

Alors un soir comme ça, de deux choses l'une: soit vous vous matez un bon épisode de South park avant d'aller dormir pour avoir votre dose quotidienne de stimulation du zygomatique, soit vous...vous quoi? je sais pas. J'ai rien d'autre à vous proposer, aujourd'hui.

Mangez des clémentines, c'est plein de vitamines.

Suite à une augmentation brutale du nombre de lecteurs de ce blog, l'équipe de rédaction composée du directeur de rédaction, de Martine sa secrétaire, de Grégory le stagiaire, et des 32 autres rédacteurs, a décidé à l'unanimité de se saboter pour que l'audience revienne à un niveau acceptable, soit en dessous du seuil prévu par le PNUD de 1000 visites par jour. Merci de votre compréhension. La publication reprendra son rythme normal demain samedi, 21H00, GMT+14.

vendredi, novembre 24, 2006

PQ comme...

Honte sur moi! Presque trois mois que je suis en terres québécoises, et je ne crois pas vous avoir encore parlé du PQ, le Parti Québécois (sobre, non?).

Il y deux partis principaux au Québec : les libéraux et le PQ. Point de droite ou de gauche: la ligne de fracture entre ces deux-là, c'est LA question de l'indépendance. Du coup, oui, au sein du PQ il y a un peu de tout au niveau politique, et pareil chez les libéraux. Le PQ a peut-être davantage de racines chez les syndicats, les libéraux dans les PME.

A l'heure actuelle, c'est les libéraux qui ont la majorité au Parlement (monocaméral depuis la fin des années 1960), et qui sont donc au gouvernement (parlementarisme à la britanique). Jean Charest est le PM. André Boisclair (photo) est chef de l'opposition.

Selon l'expression de Félix, les Québécois sont les champions du gouvernement "à l'extrême centre". C'est à dire que lors d'une alternance, le parti vainqueur ne va pas détricoter ce qui a été élaboré par son rival. D'où une certaine continuité.

D'où aussi un manque de conflit? C'est ce que je croyais jusqu'à hier. Assister à la séance des questions au gouvernement en plein scandale de la SAQ valait le coup. On a pu voir le jeune Boisclair harceler ("faire le beau") le PM Charest...qui l'a juste méprisé, pour laisser répondre son Ministre des Finances. Et ça a duré. Avec les lazzis, les applaudissements des deux camps pour leurs champions, les pupitre qui claquent et tutti quanti. Alors on se dit que la chambre a beau être rectangulaire, on est pas si loin de chez nous.

Mais ce n'était que de l'indépendance de la société d'Etat que l'on a parlé. J'imagine qu'un débat sur la vraie indépendance, doit être spectaculaire. Je referai presque la traversée de l'Atlantique pour ça.

N'hésitez pas à poser des questions sur la vie politique québécoise, je me ferai un plaisir de les transférer à Félix, notre spécialiste.

jeudi, novembre 23, 2006

Babel

Babel... Chemins de vie qui se croisent... Ou plutôt qui se prolongent, sur 3 continents et demi. Une Winchester calibre 270 est prise d'une envie de voyage, et la machine est lancée. Des vies s'arrêtent, d'autres sont brisées, d'autres encore en profitent pour se reconstruire.

Ca nous parle de quoi, finalement? Du tourisme de masse? De la terroristo-parano américaine? De l'impossibilité du dialogue interculturel? De l'absurdité de nos petits chemins qui pèsent pas grand chose? De la nymphomanie dépressive des japonaises? De la politique américaine à la frontière mexicaine? De la brutalité de la police marocaine?

Ou peut-être c'est juste "un film sur la vie", avec Brad Pitt touchant, avec ce gamin marocain à pleurer quand il se rend mains en l'air au milieu du désert, avec ce neveu mexicain qui perd la tête au milieu d'un autre désert et puis avec cette sourde-muette japonaise qui hésite à sauter...

Babel. Pas facile de se parler. Surtout quand le seul lien, c'est une Winchester, du sang et des larmes.

Il ne manquait que le noir quelques secondes après la fin du film, comme à l'Utopia, pour pouvoir en sortir doucement, sans faire de bruit - et sécher ses larmes discrètement.

mardi, novembre 21, 2006

Assasinat politique au Liban : réaction à la réaction d'Israël

Le Ministre libanais de l'Industrie Pierre Gemayel Jr, chrétien et chef de file du front anti-syrien, a été assassiné aujourd'hui mardi 21 novembre dans une banlieue de Beyrout.

Dénoncé à chaud par la plupart des journalistes comme un coup de la Syrie qui n'accepterait pas de perdre des billes dans le pays du cèdre depuis 2005, cet assassinat à évidemment entraîné des réactions de l'étranger.

Parmi ces réactions, celle de Tzipi Livni, ministre israélienne des affaires étrangères : "C'est un autre exemple du genre de la région, du voisinage dans lesquels nous vivons". Puis elle accuse, sans doute à raison, la Syrie (mais ne tombe pas dans le piège de mettre l'assassinat sur le dos du Hezbollah, qui l'a condamné et qui y est vraisemblablement étranger).

La rhétorique rappelle un peu celle de l'ancien premier ministre Barak quand il expliquait qu'Israël était "une villa dans la jungle", qui devait donc se défendre bec et ongles contre les forces sauvages.

Mais plus immédiatement, le ton outré de Livni pour parler d'un assassinat politique à l'étranger en y voyant une preuve du caractère arriéré de ses voisins relève quand même d'un sacré culot: de
Muhamed Yusif al Najjara (1973, Beyrouth, Fatah) à Cheikh Yassine (Gaza, 2004, Hamas) en passant par Abou Jihad (1988, Tunis, Fatah), Abou Iyad (1991, Tunis, Fatah), Khalid Mash’al (1997, Amman, Hamas, tentative), Abu Ali Mustafa (2001, Ramallah, FPLP) et beaucoup d'autres dont toutes les victimes de ces derniers temps des "attentats ciblés, Israël a indubitablement la palme de l'assassinat politique à l'étranger de la région, sinon du monde.

lundi, novembre 20, 2006

Al Jazeera English, une révolution de l'information?

Depuis le 15 novembre, la chaîne qatarie Al Jazeera ("l'île") s'est lancée à la conquête du monde en créant Al Jazeera English (AJE), diffusée en anglais dans le monde entier à partir de Doha, Kuala Lumpur, Londres et Washington DC.

La chaîne Al Jazeera, née en 1996, s'est particulièrement fait connaître depuis le 11 septembre 2001, avec la retransmission des vidéos d'Al Qaeda et une couverture "au plus près" des guerres en Afghanistan puis en Irak. C'est LA chaîne d'informations regardées dans les pays arabes, et les crises y sont amplement commentées (par exemple cet été la guerre au Liban et les bombardements de Gaza faisaient l'objet d'une couverture en continu, avec moult envoyés spéciaux, 24H/24).

L'objectif de la chaîne, en lançant AJE, est de concurrencer BBC World et CNN dans la diffusion de l'info international. C'est aussi d'offrir une "alter-information", qui aille du Sud vers le Nord (bon, certes, le Qatar, première reserve de gaz naturel du monde, est pas exactement un pays du Sud comme les autres).

Alors, est-ce qu'on va vraiment avoir autre chose sur nos écrans? Oui, assurément, mais tout le problème est de savoir si ça arrivera sur nos écrans. En effet, et c'est vrai pour tous les supports, il est de plus en plus facile de créer de l'information (vous pouvez faire un film de bonne qualité avec un caméscope et un iMac, par exemple). Là où ça se complique c'est pour la distribution... Des réseaux globaux comme Comcast aux Etats Unis ou TPS en France accepteront t'ils d'inclure AJE à leur bouquet?

A l'heure où j'écris, ce n'est pas le cas sur TPS, ni sur Comcast pour les Etats-Unis.

dimanche, novembre 19, 2006

Les Verts regardent-ils passer les trains?


Un exercice qui vaut ce qu'il vaut, mais que je pense révélateur. Allez faire un tour sous Google actualités. Vous tapez PS. Evidemment, plein d'entrées, Ségo est passée par là, ça fait écrire, la présidentielle en ligne de mire. Vous tapez UMP. Idem, vous avez les disputes entre ceux qui pensent qu'il ne faut pas de primaires pour éviter à Sarko une première "bataille", et puis ceux qui lui reproche d'avoir bailloné le débat interne, tout ça. La présidentielle en ligne de mire, toujours. Vous tapez PRG. Suite à l'accord d'union avec le PS, pas mal d'articles. Vous tapez LO, LCR, FN, UDF, tout ça, vous tombez - et c'est bien normal - sur des articles qui vous parlent de présidentielle.

Vous tapez "Les Verts". Le premier article de politique nationale que vous trouverez, après tous les articles parlant de foot, est un communiqué condamnant les propos de Frêche sur le "trop grand nombre de Blacks en Equipe de France". Waouh. Impressionnant comme prise de position.

Enfin, en bas de deuxième page, vous avez une référence qui semble parler des Verts et de la Présidentielle 2007. Ca y'est! On va voir ce qu'on va voir! Respirez, asseyez vous, cliquez....

Eh non. Perdu. C'est des Verts Sénegalais que ça parle, qui vont organiser une primaire pour leur présidentielle de février 2007.

Alors je pose la question: ils sont où les Verts, les nôtres, par ces temps de mise en ordre politique?

Soit qu'un accord avec le PS se prépare (contre la volonté des militants Verts, qui n'est pas la mienne), soit c'est l'agonie. En tout cas, c'est pas rassurant pour l'avenir.

Je vous mets la photo de Voynet au cas où vous auriez oublié à quoi elle ressemble...

samedi, novembre 18, 2006

Israël et armes prohibées

Je m'abstiens de vous mettre une photo horrible pour vous signaler un article du Figaro sur l'usage par Israël d'armes "expérimentales", c'est à dire interdites par la Convention de Genêve. Vous pouvez aller faire un tour sur un de mes précédents posts daté du 29 octobre, en lien avec le sujet.

Et parce que certains semblent l'avoir loupé, je vous remet le lien vers le film "Peace, Propaganda and the Promised Land", de Sut Jhally. Vous n'avez qu'à cliquer, le film commence. Foncez!

Parlez moi du Darfour

Parce que non, il n'y pas que le conflit israélo-palestinien dans le monde!

Pour tout vous dire, le Darfour je n'y connais pas grand chose. Comme je le disais à un co-résident ce soir, alors que je me sens plutôt à l'aise en territoires palestiniens, je ne mettrais pas les pieds au Darfour. Tout est une question de "clés" du conflit, que l'on a ou que l'on a pas. Si on les a, il est beaucoup plus facile d'être en "sécurité": vous savez à peu près quels sont les risques, d'où ils viennent, avec quelle intensité et comment les gérer. Au Darfour, comme en Irak, rien de tout ça en ce qui me concerne. Donc pas de missions prévues prochainement...

Toujours est-il qu'au Darfour donc, il se passe depuis quelques années des trucs pas cool, que certains appellent même un génocide. Pour d'autres, ce ne sont que des violences interethniques. Si j'ai bien compris, 200 000 morts depuis 2003...ça commence à faire des bonnes violences, quand même.

Le Darfour est une région du sud ouest du Soudan, habité par des populations majoritairement chrétiennes et animistes. Le gouvernement central de Khartoum (la capitale), présidé par El Béchir depuis un coup d'état militaire en 1989, semble soutenir des milices arabes venues du nord (les djandjaouids) dans leurs exactions (razzias de village, meurtres, enlèvements, viols:la totale) commises vis à vis des populations locales. Ca c'est la version du collectif pour le Darfour, celle qui me semble t'il est la plus relayée par les médias ces temps-ci.

Une version un peu différente est donnée par le site du MAE, selon lequel il y a un affrontement entre des milices rebelles armées du Sud et le gouvernement central. Le MAE reconnaît tout de même qu'il y a des exactions commises par des forces extra-gouvernementales et probablement avec la benediction du gouvernement.

Bref, pourquoi je poste sur un sujet que je maîtrise mal?

D'abord parce que j'éspère que parmi ceux qui passent parfois par ici, certains vont pouvoir nous éclairer un peu (Sarah, Eleonore, Pierre...).

Ensuite parce que jeudi, il y a eu une "bonne" nouvelle: alors qu'El Béchir refusait que l'ONU déploie une force d'intervention en territoire soudanais, il a plus ou moins laissé entender qu'il l'accepterait désormais, pour appuyer la force de l'Union Africaine déjà déployée mais assez inefficace. Le déploiement d'une telle force mixte UN/UA est particulièrement urgent, le conflit gagnant les voisins du Soudan, notamment le Tchad.

jeudi, novembre 16, 2006

Deux petites histoires...

Deux petites histoires qui, peut-etre, donnent un peu d'espoir. J'ai rencontre ces derniers jours Roi et Suleiman (photo).

Roi, 28 ans, est israelien. Il a servi 4 ans dans l'armee israelienne, principalement au sein du service de rensiegnement interieur, le Shin Beth. Au bout de trois ans, il a senti que quelque chose ne tournait pas rond. La derniere annee fut difficile... Puis il est parti. Loin. Etats-Unis, Cuba, Amerique du Sud. Et il a decide de ne pas revenir dans son pays qu'il considere comme l'ayant profondement trompe pendant 4 ans. Il habite a Barcelone. Il est considere comme un deserteur, risquant ainsi une peine (de quelques mois) de prison a son retour, puisqu'il n'a pas effectue son mois de service annuel obligatoire depuis 4 ans.

Suleiman, 34 ans, est palestinien. A 12 ans, il s'est mis a jeter des pierres et des cocktails Molotov. A 14, il a blesse deux soldats israeliens dans les territoires, il s'est fait arreter. Il a passe 10 ans de sa vie en prison, entre 14 et 24 ans. Aujourd'hui, il vit a Ramallah et met en place des camps d'ete reunissant enfants palestiniens et israeliens.

Leur credo : les israeliens et les palestiniens ne se connaissent pas. Ils sont tous les deux membres de "Combattants for peace", une organisation qui reunit des veterans de l'armee israelienne et des anciens combattants palestiniens.

Suleiman termine demain en beaute une tournee des campus americains (la photo est tiree de la gazette online d'Harvard) avec Yonathan, un des premiers refuzniks israeliens, un des premiers signataires de la lettre des pilotes de l'air de Tsahal qui refusaient de servir en territoires occupes. Ceux qui me lisent et qui etaient au FSM de Londres en 2004 (ca doit pas faire beaucoup...), on l'avait vu avec Mustapha Bargouti entre autres lors d'une table ronde sur le conflit.

Quand je dis "termine en beaute", et ca me permet de vous signaler ce point d'actu fondamental si jamais il vous avait echappe, c'est que Yonathan et Suleiman seront demain en direct sur la nouvelle chaine anglophone d'Al Jazeera, emise depuis Washington DC (entre autres).

Roi devrait nous rendre une petite visite a Bordeaux au printemps. J'espere que vous serez des notres pour l'ecouter!

mardi, novembre 14, 2006

Considerations strategiques

Le sujet hot en ce moment aux Etats Unis, c'est la guerre en Irak. Le sujet pas hot, et qui l'a jamais ete, c'est Israel et Palestine. D'ou le pari des militants americains pour une paix juste entre Israel et Palestine (FFIPP notamment) de faire une connexion entre les deux via la thematique de "l'occupation": "puisque l'occupation de l'Irak entraine la violence en reaction, comprenez que l'occupation de la Palestine entraine aussi de la violence. Puisque on va se retirer d'Irak, exigez la fin du soutien a Israel en tant que puissante occupante."

A mon avis, cette strategie repose sur des postulats incertains qui la rendent tres risquee:
- les Etats Unis utilisent Israel dans leur politique au Moyen Orient, il n'y aura aucun changement de la politique US vis a vis d'Israel tant que toute la politique etrangere US ne sera pas remise en cause. (=>remettre en cause toute la politique etrangere US me parait une plus lourde tache, au demeurant louable, qu'un changement de politique vis a vis d'Israel)
- la "vague" Iraq va finir un jour (dans 6 mois, 1 an ou 5 ans). Tout le travail de connexion qui est fait dans la tete des gens entre les deux occupations ne va t'il pas s'ecrouler alors?
- le terme d'occupation n'est pour l'instant utilise par aucun media US pour parler de l'Iraq ou d'Israel-Palestine. A fortiori (voyez "Peace,Propaganda and the Promised Land!), les moyens de Relations Publiques mis en place par Israel n'auront pas de mal a rappeler qu'Israel "n'occupe" pas les territoires de 1967.

Mon avis : la creation d'un contre-lobby progressiste compose des juifs US moderes, des Palestiniens US moderes et (tres important!) des "autres", citoyens lambda dont la presence contribue a la stabilite du tout, qui adopte des strategies agressives.

Et c'est tres valable pour la France aussi je pense.

samedi, novembre 11, 2006

La guerre de l'information au Proche Orient

Bien le bonsoir!

Partant quelques jours pour Boston faire des blablas sur Israël et Palestine, je ne sais pas si je pourrais animer mon blog aussi souvent que je le voudrais en début de semaine...

Ma première intervention là bas sera sur le thème "Peace, Propaganda and the Promised Land", qui est le titre d'un film de Sut Jhally, prof de communication à Massachussets University. Le film, disponible en bonne qualité sur Google Vidéo, analyse l'information délivrée par les médias US sur le conflit. Pédagogique et intéressant!

En parallèle et pour trouver des échos dans le contexte héxagonal, "La guerre israélienne de l'information"de Joss Dray et Denis Sieffert (éditions La découverte) est une bonne lecture même si elle date un peu (2002). Les auteurs se penchent notamment (comme le film) sur "l'offre généreuse" d'Ehud Barak à Camp David II en juillet 2000 pour montrer comment, si dans les premiers jours, la retranscription des médias a été assez neutre, elle s'est vite transformée en charge contre Arafat. Ailleurs dans le bouquin, les auteurs comparent la relation qu'entretiennent des auteurs comme Finkelkraut et Bruckner avec Israël à celle de certains intellectuels communistes français avec Moscou jadis.

Et pour les impatients anonymes d'Obama, une article sur ses deux bouquins est sur la NYRB.

De Québec, il est 16H et il fait nuit, que du bonheur!

Le Bush nouveau est arrivé


Avec la reconnaissance de sa défaite, le candidat Républicain en Virginie George Allen a définitivement donné la majorité sénatoriale au Démocrates, qui contrôlent donc l'ensemble du Congrès, après 12 ans de suprématie réublicaine.

Une Maison Blanche républicaine, un Capitole démocrate... Après 6 ans un peu à part, c'est une sorte de retour à la normale du système politique américain, caractérisé par les fameux "checks and balances". Le contrôle de chaque pouvoir (executif, législatif et judiciaire) par les deux autres est constitutionnellement prévu. Mais il trouve toute sa force en période de cohabitation, quand un Président d'un parti doit composer avec un Congrès de l'autre.

La tradition américaine, qui est de dépasser les clivages partisans une fois les élections passées (pourtant, avec tout ce que se balancent les candidats dans leurs clips TV...), va pouvoir reprendre le dessus. D'ailleurs, vous avez pu noter le tournant rhétorique de Bush, qui a été plus humble et pragmatique dans ses interventions des derniers jours. Il a tendu la main aux Démocrates, notamment sur l'Irak. Comme l'écrit Mauriac, "on va redécouvrir un Bush très différent, celui qui, lorsqu'il était gouverneur du Texas, composait avec son opposition et s'était distingué dans cet exercice". Néanmoins, cette volonté de Bush de réussir sa fin de mandat avec les démocrates va lui être compliquée par son statut de "lame duck" (il est à la fin de son deuxième mandat et ne peut donc être réelu) et par le VP Dick Cheney, qui demeure en poste et est le véritable artisan de la politique irakienne des Etats Unis. A voir donc pour 2008... Les électeurs vont-ils retrouver confiance en les Républicains si Bush démontre sa capacité à la modération? Les sanctionneront-ils à nouveau? Le "phénomène" Obama, dont je voulais parler ici mais je m'aperçois que c'est déjà bien assez long, parviendra t'il à s'imposer comme candidat démocrate? Suspens insoutenable...

[je vous remets cette photo si jolie du National Mall de Washington DC by night...]

jeudi, novembre 09, 2006

La Commission Européenne offre un tapis rouge à la malbouffe


Repérée sur le décidément très bon blog de Jean Quatremer, une histoire assez ahurissante dans les couloirs de Bruxelles : la Commission a permis à des géants de l'agro-alimentaire tels McDo, Unilever ou Coca d'installer des stands à l'entrée de la salle de presse de la COmmission.

Ce déballage publicitaire se faisait à l'occasion d'un discours du Commissaire chargé de la Santé et de la protection des Consommateurs sur...la lutte contre l'obésité! La Commission semble avoir estimé que les engagements de ces entreprises "en faveur" de la lutte contre l'obésité méritaient récompense...

Sans doute le fruit d'un beau travail de lobbying...

Un moindre mal...


Les Démocrates ont a priori réussi à prendre la Chambre des Représentants ET le Sénat lors des élections d'hier.Première conséquence, et pas des moindres, le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a été poussé vers la sortie par G.W.Bush, qui l'a remplacé par Robert Gates, ancien directeur de la CIA sous Bush père. On reste dans le cercle des fidèles.
Une autre conséquence, c'est que pour la première fois, une femme, Nancy Pelosi, s'apprête à occuper la présidence de la Chambre.
Cela dit, encore et toujours, revient l'idée que les démocrates ont gagné sans véritable programme. Ils ont 2 ans de co-gouvernement pour s'affirmer et, qui sait, porter un leader comme Obama à la candidature pour la présidentielle de 2008.

mercredi, novembre 08, 2006

Israël de nouveau pris de vertige, le monde atteint de cécité


18 palestiniens, dont au moins 4 femmes et 4 enfants, sont morts aujourd'hui à Beit Hanun, sous des tirs d'obus israéliens.

"Le Premier ministre Ehud Olmert et le ministre de la Défense Amir Peretz ont exprimé leurs regrets après la mort de civils palestiniens à Beit Hanoun. Israël fait tout pour éviter que les populations civiles innocentes ne soient touchées lors des opérations, malheureusement des tragédies ont parfois lieu. Nous en sommes désolés."

Imaginez un attentat suicide à Tel Aviv qui tue 18 personnes. Je ne discuterai même pas les nombres en disant que rarement un attentat tue plus de 10 personnes. Je ne vous rappellerai pas que depuis une semaine, on est proche de la soixantaine de morts à Beit Hanun, dans la Bande de Gaza.

Simplement, imaginez Mahmoud Abbas dire après cet attentat : "excusez nous, on fait tout pour empêcher la mort de civils, malheureusement des tragédies ont parfois lieu". Est ce que ça éviterait des représailles massives de la part d'ISraël? Non.

Hamas comme Fatah, à la sortie d'une trêve de plusieurs années, ont tous deux appelé à la reprise des attentats suicides. Personne ne peut s'en réjouir, tant la direction est vaine. Mais tout le monde peut le comprendre.

Comme pour ajouter au dérisoire de la réaction d'Israël, les réactions des capitales européennes ("condamnation énergique", "difficile de justifier", etc.) sonnent comme des aveux d'impuissance. Israël renforce chaque jour son impunité, au détriment des Israéliens et des Palestiniens.

Flexions, extensions


Après avoir consulté le blog de Mauriac qui vous enverra vous ballader sur tous les sites imaginables pour voire ce qui s'est passé aux Etats-Unis cette nuit, je vous conseille d'aller faire un tour sur le site des Têtes à claque pour vous marrer un peu en visionnant ces petites animations remplies d'humour québecois. Je vous conseille particulièrement le Willi Waler et Halloween... Enjoy!

[la photo concept, c'est le mémorial G.Washington, avec le capitole au fond (là où les démocrates sont peut-être revenus en majorité à l'heure où vous me lisez?), et la pleine lune...]

mardi, novembre 07, 2006

Un peu de lecture...


Vous l'aurez compris, après une petite période de pause, la Palestine occupe une bonne partie de mon esprit ces derniers temps. Du coup, je lis des choses, et je partage. Quelques morceaux choisis de la revue de presse "Palestine Vivra" d'aujourd'hui:

Un article de Warschawski, journaliste israélien indépendant rencontré en juillet, sur l'attitude acutelle des Etats-Unis et d'Israël vis à vis du monde (en anglais).

Un point de vue de PAtrick Seale, analyste, paru dans l'International Herald Tribune sur le siège de Gaza par Israël (en anglais)

Un article de Libération sur la "double souffrance" des femmes palestiniennes (en français).

Au plaisir d'en discuter avec vous!

Comment devient-on kamikaze?


Je n'insisterai pas lourdement parce que je pense que vous lisez tous les journeaux, et que vous êtes donc plutôt mieux informé que moi qui n'en ai que les sites internet.

Je voulais juste vous faire zoomer quelques secondes sur la Bande de Gaza, où l'opération "Nuages d'automne" (pitié, qu'on donne des numéros à ces opérations militaires et qu'on arrête la poésie!) a fait 56 morts depuis mercredi dernier, dont plusieurs civils.

il y a trois jours, les militaires israéliens ont tiré sur une manifestation de femmes qui tentaient de porter secours à une soixantaine de Palestiniens assiégés par Tsahal dans une Mosquée. Une est morte, une a été déclarée cliniquement morte, et trois sur les 18 blessées sont dans un état critique.

Des missiles israéliens ont été tirés contre des ambulances, qui sont par ailleurs empechées d'accéder au terrain des opération plusieurs heures après celles-ci. Au moins un ambulancier est mort.

Aujourd'hui lundi, une étudiante palestinienne a tenté une opération suicide contre des militaires en opération dans la Bande. Elle est morte, et a blessé légérement un militaire.

100 000 Israéliens ont célébré à Tel Aviv le onzième anniversaire de la mort d'Ytshak Rabin, survenue le 4 novembre 1995.

Et personne ne dit rien.

samedi, novembre 04, 2006

"Mid-term elections" aux Etats-Unis

Mardi 7 novembre, les Americains vont voter pour les elections de mi-mandat. Ils vont devoir elire 435 Representants (soit la totalite des sieges a la Chambre des representants), 33 Senateurs (soit un renouvellement partiel du Senat, la Chambre et le Senat formant le Congres) et 36 gouverneurs d'Etat.

Depuis 1994, le Congres est domine par les Republicains. Mardi, il est a peu pres certain que la Chambre passera aux mains des democrates : ils n'ont qu'a y gagner 15 sieges. Il est egalement possible que le Senat passent chez les Bleus (les republicains sont rouges), a condition qu'ils y gagnent 6 sieges sur les 33 en jeu, mais ca semble plus aleatoire. Des gouverneurs democrates pourraient veiller a la destinee d'une majorite d'Etats apres mardi, s'ils prennent 4 sieges aux republicains qui en ont actuellement 28 sur 50. Ca semble bien parti.

Pourquoi les democrates vont-ils gagner mardi? Bien sur, il y a la guerre en Irak, qui augmente la defiance de la population vis a vis de Bush et de son parti. Il y a aussi l'economie, qui etait en premiere place des preoccupation des americains (devant l'Irak donc) il y a 10 jours (sondage Washington Post/CBS), et sur laquelle les democrates ont plus a gagner que les republicains, un majorite d'Amercains estimant que leur niveau de vie stagne ces dernieres annees.

Mais en fait, ce ne sont pas les Democrates qui vont gagner, ce sont les republicains qui vont perdre. Le parti democrate est bien mal en point (sauf financierement), il n'a pas de leader identifie et identifiable (entre Hilary Clinton, John Kerry, Barack Obama et les autres...), et surtout il n'a pas d'idees, notamment sur les sujets qui preoccupent le plus les Americains, l'Irak (2eme place) et le terrorisme (3eme place).

Donc les republicains vont perdre. Entre le scandale Foley, un representant qui ecrivait des textos cochons a des stagiaires mineures du Congres et qui semble avoir eu des rapports sexuels avec un pretre (ce qui ne colle pas avec l'electorat du parti, vous vous doutez), et le scandale Abramoff qui a entraine la demission d'un representant republicain de l'Ohio, bob Ney, hier, les republicains s'enfoncent dans les affaires.

Les Americains vont exprimer, avec un taux de participation sans doute proche de 40%, leur mecontentement mardi. Raqs le bol de la guerre et des affaires. Les democrates vont globalement gagner. En esperant que ce coup de gueule des citoyens US ne serve pas de defouloir, avant un retour a "l'ordre" lors des presidentielles de 2008.

vendredi, novembre 03, 2006

Washington DC, vu par Le Monde

C'est ici.

Allez, voir, ca vaut le coup, vous allez vous dire que vraiment je suis vraiment sur une mauvaise pente, mais en rentrant j'essaierai de vous faire une analyse de l'article, ou du moins de tout ce qu'il comporte comme erreurs factuelles (notamment sur la loi aux Etats unis).

En revanche, le projet K-Street dont parle (mal) l'article est bien reel et montre plus la derive d'une partie du parti (vous avez dit repetition? il est tard...) republicain que des cabinets de lobbyistes... Je developperais a partir des elements receuillis ici!

Washington DC, jour 2!

Que vous dire, que vous dire...

J'ai bien failli ne pas rentrer dans le Congres, pour deux malheureuses bouteilles de cidre de glace au fond de mon sac, destinees a nos interlocuteurs. Finalement, apres une tentative de finauderie avec les services de securite qui aurait pu mal se finir, ca rentre, avec le sourire en prime!

Visite impressionnante, entre les couloirs d'un kitsch absolu, les salles dans lesquelles siegent ou ont siege les representants, les senateurs et la Cour supreme, tout de meme impressionnantes et l'aile ultra moderne construite apres le scandale du Watergate... Le tout a des dimenseions hallucinantes, de l'interieur comme de lexterieur. C'est juste magnifique!

Un lunch mexicain dans la plus grande gare des Etats Unis plus tard, c'est le depart pour l'ambassade de France. La deuxieme lus grande des Etats Unis derriere le Canada, la plus grande ambassade francaise du monde. Premier rencontre : un ancien de Sciences Po Bdx... Seconde rencontre : un ancien de Sciences Po Lyon... On est entre nous...

Heureusement, notre interlocuteur de la journee nous sort de cette entre-soi peu propice a la stimulation intellectuelle. Ancien membre du cabinet de Raffarin (apres avoir fait deux cabinets de ministres et un "cabinet" du President de l'Assemblee Nationale, Olivier Pitton est charge des strategies d'influence de la mission economique. Un festival. Une heure et demie de debat energisant au possible. Comment faire pour que les Americains se debarassent de l'image negative des Francais qu'ils ont acquise? Organiser des voyages en France pour leur faire decouvrir que tout n'est pas mauvais chez nous! Pitton a creee son poste, il est son propre boss, il est contractuel : de quoi avoir une marge de manoeuvre qui lui permet de visiblement s'eclater. Tres bon moment.

Et puis une petite ballade dans Geogetown, le quartier historique qui a refuse a l'epoque d'etre deservi par le metro pour eviter que les Noirs ne puissent venir. Du coup, plus si chic, mais toujours mignon et plein de boutiques sympas. Je me permet meme quelques mots de perse avec un vendeur de cravates en plein business avec Felix.

Plus le temps pour un musee, on prend le metro (diablement efficace) pour rentrer dans notre banlieue. A J+2, le constat, c'est que notre sejour est bigrement iconoclaste, et ca fait bigrement plaisir!

Je n'arrive pas a mettre en ligne nos superbes photos du capitole, de la maison blanche, du Mac Do ou de nos cravates, c'est dommage, mais ca viendra!

jeudi, novembre 02, 2006

Washington, jour 1!

Premier jour a Washington DC, tres bonnes impressions!

Les rencontres de la journee, avec Anita Epstein et Eliott Feldman (voir post precedent) furent tout a fait complementaires. Le pouvoir comme si vous y etiez : grand buildings, halls couverts de marbre, couloirs feutres, salle de reunions luxueuses et avec vue imprenable. Des fauteuils dans lesquels on s'enfonce delicieusement, un accueil 5* et, tout de meme, des interlocuteurs passionants.

D'abord, un mot sur la ville : tout simplement agreable! Une temperatur comme on en a pas vu a Quebec depuis septembre (il fait chaud!), des rues avec des arbres, des gens sympas... : la vile n'est pas hostile. Notre halte tourisme de la journee: la Maison Blanche. On a beau dire, ca impressionne, ce batiment pas si grand que dans mon imagination, protege simplement par des grilles qu'il serait facile de franchir...n'etaient les snipers qui se baladent sur le toit. Mais toujours beaucoup de vert, c'est propre, des ecureuils... On se sent bien ici!

Les rencontres :

Anita, la self-made woman qui tutoie les gouverneurs et les Congressmen. La campagne pour sauver New York de la faillite a partir de 1978, partie un peu de rien, l'a propulsee. Un principe : ne travailler que pour les causes auxquelles elle adherre personnellement. Un exemple: les avocats mexicains. Les producteurs d'avocats de Californie bloquaient depuis longtemps toute importation d'avocats mexicains, arguant qu'ils etaient contamines et representaient un danger pour les consommateurs. Or, les Mexicaines exportent leurs avocats partout dans le monde, sans probleme sanitaire. Ils s'attachent les services d'Anita, qui commence par commander une serie d'etudes scientifiques sur les avocats mexicains. Elle diffuse ensuite ces etudes aupres des membres du Congres, et met en place une campagne de "grassroots" lobbying, en organisant la redaction de lettres par des citoyens americains a leurs representants sur le principe "on veut des avocats mexicains qui nous permettront de manger des avocats moins cher". Les producteurs californiens repliquent en utilisant l'argument economique de leur ruine prochaine...ce qui leur vaut de se decredibiliser, puisqu'en regle generale, ils possedent les terres agricoles sans en tirer leur principale revenu (dentistes, businessmen, etc.) et en y employant massivement des mexicains illegaux. La cause est gagnee, et les avocats mexicains penetrent enfin le marche US. Bilan : "les americains mangent plus d'avocats et la principale region du Mexique qui produit des avocats se porte mieux". Quelles pratiques s'autorise t'elle, quelle pratique s'interdit-elle? Deux principes : la legalite et la maniere dont l'affaire sera traitee dans les journaux le lendemain.

Elle est republicaine (son mari est democrate, ils ont deux televisions pour ne pas se battre), a tendance a soutenir Bush et trouve qu'il y a trop de musulmans dans les capitales europeennes. Malgre tout, un personnage sympathique!

Feldman nous recoit dans une suite hyper luxueuse avec une vue incroyable sur K-Street, la rue ou se concentrent (plus ou moins) les lobbyistes de DC. Des le debut, bonhomme impressionnant qui nous fait d'emblee une distinction entre les lobbyistes, qui "vendent un acces" et les avocats, aui "vendent un plaidoyer". Il se place dans la seconde categorie...pour nous dire d'emblee que le droit ne suffit jamais a faire avancer une cause, et qu'il est necessaire d'avoir des pratiques "informelles" (ie qui n'ont pas trait au droit) pour aboutir, type contact avec les representants, participation a des auditions informelles ou formelles, etc. Quelques considerations interessantes sur la tendance des cabinets de lobbyistes ou d'avocats d'embaucher des anciens "insiders" (anciens elus ou membres d'agences gouvernementales) pour s'assurer un acces aux spheres de pouvoir.

Quelles causes accepte t'il? Premier principe : le client a t'il les moyens de payer? (le monsieur prend plus de 500$/heure...). Deuxieme consideration : avons nous les competences? (il s'occupe principalement de tout ce qui passe les frontieres, biens, services, personnes).

Demain, visite du Senat et rencontre des lobbyistes de l'Ambassade de France, et, si plus en forme qu'aujourd'hui (la route d'hier se fait encore sentir), un musee!

mercredi, novembre 01, 2006

Washington DC : etape 1 => y arriver

Un depart de quebec par O degres, 18 heures de routes, une douane a laquelle mon respect de la loi m a coute mon sac de clementines (et un tres drole : "What the purpose of you trip?""Well, tourerism", pris pour "terrorism" bien sur, par Felix endormi!), un passage involontaire par Manhattan et le Bronx, un arret retrouvailles a l aeroport international de Newark, encore de la route, des affiches electorales partout, 1H30 de tour et detours dans une banlieu de DC (Alexandria, ou George Washington avait son pied a terre, tout de meme!) et nous y sommes!

Ca commence ce matin, je vous raconte ce soir sans faute!

lundi, octobre 30, 2006

Votre envoyé spécial à Washington DC

Mardi, à 7H00 heure locale (13H pour les Français, je ne fais pas le calcul pour tous les autres...), deux PT Cruiser bleus (!) vont quitter la ville de Québec, Canada, en direction de Washington DC, USA.

A leur bord, 9 étudiants en Affaires Publiques et Représentation des Intérêts qui s'en vont voir la capitale mondiale du lobbying.

Au programme, rencontres avec:

Anita Epstein, inventrice du slogan "I Love NY" (avec le coeur à la place du love) et lobbyiste en chef du Mexique sur le dossier ALENA;

Eliott Feldman, lobbyiste pour le Canada dans le dossier ô combien épineux et à rebondissements du bois d'oeuvre;

les lobbyistes économiques et politiques de l'ambassade de France;

George W. Bush (nan, on a demandé, mais les services de la Maison Blanche ont refusé, on se demande encore pourquoi...);

Sam Smith, journaliste indépendant et observateur attentif de la vie politique américaine.

En prime, une visite du Congrès.

Le tout sur fond de fin de campagne électorale, les élections de mi-mandat du 7 novembre pouvant bien redonner une majorité aux démocrates à la Chambre des Représentants et peut-être même au Sénat.

Je vous propose de suivre quotidiennement nos pérégrinations, du départ sans doute sous la neige au retour, sans doute sous la neige aussi, en passant par les rencontres, les visites, les discussions, les impressions...

Sur Incertain Regard, à partir de mercredi matin!

PS: Je tiens à profiter de ce post publicitaire pour faire un point: vous êtes en moyenne une quarantaine à venir vous balader sur Incertain Regard chaque jour (par adresse IP, les gens qui viennent 2 fois ne sont comptés qu'une et ceux qui se connectent à partir d'une grosse maison comme l'IEP ne sont pas comptés), en provenance de 3 continents, et plus précisément ces deux derniers jours de France, d'Italie, de Roumanie, d'Allemagne, du Liban, du Canada, des Etats-Unis (Wisconsin et NY), de Pologne, de Colombie, de Slovénie, d'Angleterre et d'Espagne... Si ça dure, ça fait plaisir! Et pour que ça dure...n'hésitez pas à me faire part de vos remarques, commentaires, envie, idées, voire de vos textes si vous êtes en manque d'espace d'expression!

dimanche, octobre 29, 2006

Israël, munitions et droit international

Après les bombes à fragmentation et les bombes au phosphore, des bombes à l'uranium?

Des scientifiques du Programme de l'ONU pour l'Environnement (PNUE) auraient découvert des traces d'uranium dans des cratères creusés par des bombes israéliennes au Liban, selon une information du quotidien britannique The Independent. Attention, on parle d'uranium appauvri, pas de bombes nucléraires! Pourquoi utiliser l'uranium appauvri et pourquoi ça devrait être considéré comme un crime de guerre?

L'uranium est un métal très dur, qui, dans une bombe, permet de perforer blindages et bétons. Il s'enflamme à l'impact, créant un incendie très violent qui garantit la destruction de la cible. Lors de l'incendie, le métal se fragmente en très fine poussière...qui se diffuse au gré des vents, pénètre les organismes vivants et pollue l'eau. En outre, les carcasses détruites par l'Uranium Appauvri (UA) présentent une forte radioactivité. Utilisé lors de la Guerre du Golfe, puis dans les Balkans, l'UA pourrait être une des causes au "syndrome du Golfe" développé par bon ombre de vétérans US qui présentent des troubles neurobiologiques qui peuvent conduire au décès.

Il est avéré qu'Israël a utilisé des bombes à fragmentation et des bombes au phosphore au Liban, dans des zones civiles. Les premières, qui fonctionnent "à retardement", blessent ou tuent trois personnes par jour en ce moment même. Elles sont interdites par le droit international et par un accord qui lie Israël et les Etats-Unis selon lequel ces bombes (de fabrication américaine, bien sûr) ne doivent être utilisées que contre des "armées arabes organisées" ou "des cibles militaires clairement définies"...des notions floues. Les secondes, bombes incendiaires d'une rare violence (je vous mets pas de photo...), sont interdites par le Protocole III de la Convention sur la limitation de l'emploi de certaines armes classiques signé en 1983, selon lequel l'usage des bombes au phosphore est un crime de guerre. Israël et les Etats Unis ne sont pas signataires du Traité.

Israël joue toujours borderline, à la limite de l'acceptable d'un point de vue juridique, de manière à pouvoir produire une version des faits qui anihile la position internationale. Mais l'usage disproportionné et inhumain de la force, s'il n'amène pas les dirigeants israéliens au Tribunal Pénal International de La Haye, ne fait qu'augmenter le ressentiment des civils visés. Quel intérêt à ce qu'aujourd'hui, des bombes à fragmentation larguées pendant les trois derniers jours du conflit, alors qu'une sortie par les Nations Unies était évidente, dans des zones civiles, tuent encore?

Pour l'uranium, rendez-vous mi-novembre pour le résultat des analyses d'échantillons.

samedi, octobre 28, 2006

Lobbying : les Verts au créneau

Sans doute suite à la lecture de mon indigeste post sur le lobbying, le Sénateur Vert Jean Desessard appelle de ses voeux la création d'une commission parlementaire d'enquête sur le lobbying, afin de "nous doter de règles aptes à départager le lobbying légitime du trafic d'influence".

Cette demande vient (bien) après que la presse ait découvert que Suez, dans le cadre de la discussion du projet de fusion avec GDF à l'Assemblée Nationale, avait invité un certain nombre de parlementaires à assister à la finale de la Coupe du Monde de football dans la loge privée de Suez, parmi d'autres petites atentions. Une vingtaine de parlementaires semble avoir accepté, ceux qui ont refusé ne l'ont fait que pour des raisons de "disponibilité", selon Suez.

Une synthèse intéressante des techniques de lobbying utilisées par Suez, que l'on jugera pour certaines "légitimes", pour d'autres "illegitimes" (en se basant sur la morale...), a été faite dans un article de Libé de juillet.

La morale n'est pas bonne conseillère en politique (ni nulle part ailleurs? mais c'est un autre débat!). Une loi, vite, une loi!

Ah oui, aussi, ça aurait été sympa de la part de Desessard de refiler le bébé à Voynet, ça lui aurait permis de se montrer un peu... Comme l'écrit Le Monde, elle est assez inaudible ces temps-ci. Faut l'aider, Jean!

vendredi, octobre 27, 2006

L'extrême droite rejoint la coalition au pouvoir en Israël

Avigdor Liberman, fondateur du parti Israël Beiténou ("Notre Maison Israël"), a été invité par Ehoud Olmert, Premier Ministre, à rejoindre la coalition au pouvoir en Israël.

L'objectif de Liberman et de son parti est d'aboutir à "deux Etats ethniquement homogènes". Pour cela, il propose d'échanger les terres sur lesquels résident les 1.3 millions d'arabes israéliens (qui sont en fait présents un peu partout à l'échelle du pays, même s'ils se concentrent localement dans des quartiers ou village) contre les colonies, qui seraient annexées. Son parti a proposé une loi forçant tous les Israëliens à jurer allégeance à l'Etat juif, sans considération pour leurs origines ethniques. Economiquement, Liberman est partisan d'une privatisation des sociétés publiques et d'une réduction des bénéfices sociaux alloués par l'Etat.

Dans un article paru sur le site de Gush Shalom, Uri Avnery, écrivain israélien, fait un parallèle entre Von Papen, qui a permis l'accession aux plus hautes responsabilités d'Hitler en Allemagne, et Ehoud Olmert.

C'est que, pour Avnery, si la proposition de Liberman d'échanger des territoires pour créer de l'homogénéité raciale n'a aucun chance d'arriver, en revanche cette elle pave la route à une autre idée, celle de l'expulsion pure et simple des arabes israéliens, sans compensation, et/ou de l'annexion totale des colonies.

Olmert n'avait pas le choix. Après sa gestion quelque peu hasardeuse de la guerre au Liban, il lui fallait renforcer sa coalition pour se maintenir au pouvoir. Il va donc nommer Liberman à un nouveau portefeuille, le "Vice-ministère chargé de contrer les menaces stratégiques contre Israël", pour s'attacher les 11 voix contrôlées par Israël Beiténou à la Knesset, le Parlement israélien.

Les travaillistes, qui font partie de la coalition au pouvoir, ont frémi. Ont menacé, pendant une demie journée, de quitter la coalition. Finalement, ils font preuve de "responsabilité nationale", et restent. Comme résume Gush Shalom:

A cynical Prime Minister
Devoid of values,
Who has got us
Into a superfluous war
In which hundreds were killed -
Has invited the
Prophet of ethnic cleansing
Into his government.

The Labor Party
That remains
in this government
Is clinically dead.

Pendant ce temps, rassurez vous, chez les Palestiniens, c'est la routine.

jeudi, octobre 26, 2006

Qu'est ce que le lobbying?

Lobbying, lobbying... Je vous sens déjà frissonner... Lobby des armes, lobby agricole, lobby pétrolier, lobby automobile... Brrrr... Que du beau monde...

Bon. Et si on essayait de dédramatiser?

On ne peut parler de lobbying sans parler de groupes. N'importe quel groupe : le club de tarot de votre grand-mère, Total, Greenpeace, les intermittents du spectacle, l'Olympique Lyonnais, l'Association des Maires de France... Tous ces groupes ont des intérêts à défendre : le Club de tarot veut avoir la salle de la Mairie plus souvent que le Club des Aînés Ruraux (si c'est pas du vécu, ça...), Total ne veut pas que son contrat avec l'Iran soit rendu caduque par un embargo, Greenpeace veut sortir du nucléaire, les intermittents du spectacle veulent une meilleure assurance-chômage, l'OL veut être introduit en Bourse, l'AMF souhaite que les transferts de compétences vers les municipalités soient accompagnées des transferts fiscaux correspondant, etc.

Jusqu'à nouvel ordre, c'est le "monde politique" qui a le pouvoir d'accéder à la plupart des souhaits des autres acteurs de la société. Dans "monde politique", on peut mettre les élus du peuple, les fonctionnaires (qui vont préparer puis mettre en oeuvre une Loi, par exemple), les juges...que nous désignerons par le terme générique de "titulaire de charge publique" (TCP).
Du coup, les groupes vont tenter de faire valoir leurs intérêts auprès des TCP adéquats (le Club de tarot n'ira pas errer à Bruxelles pour obtenir la salle des fêtes le 4 décembre). Cette tentative d'influencer les décisions des TCP est choquante dans le cadre de la démocratie rousseauiste, où l'intérêt général n'est pas la somme des intérêts particuliers, ou de la "démocratie d'équilibre" (MacPherson) dans laquelle on élit des représentants tous les 4 ou 5 ans, et c'est bien suffisant.

Par contre, parlons démocratie participative. Qu'est ce que lq démocratie participative? C'est celle où le citoyen participe à l'élaboration des politiques publiques. Très bien. D'où acte : Juppé a instauré les Conseils de quartiers à Bordeaux. Sauf qu'un "citoyen tout seul" ne va disposer ni du temps ni des compétences pour bâtir une position argumentée sur un sujet général. Du coup, à Bordeaux, aux Conseils de quartier, on parle crottes de chien (spécial dédicace au seul que je connaisse qui soit allé plusieurs fois dans ces conseils). Les citoyens ont intérêt à se regrouper et à partager leurs compétences pour être plus forts face aux fonctionnaires de la Mairie qui, eux, connaissent les dossiers puisque c'est leur travail. Du coup, si on veut une vraie démocratie participative (ce qui n'est évidemment pas le cas à Bordeaux), on a intérêt à encourager la formation de groupes organisés qui vont défendre leur point de vue.

Ce qui est vrai à l'echelle de Bordeaux l'est aussi à tous les autres niveaux. La démocratie se conçoit aussi comme un jeu entre des groupes d'intérêts rivaux arbitré par les TCP.
Alors, où est le problème? En fait il y a deux reserves à cette conception du "paradis pluraliste" (Truman) : il faut préciser qui peut participer au match et à quelles conditions, et il faut fixer des règles du jeu. C'est là que ça devient intéressant.

Vous n'êtes pas dupes. Ma démonstration ne vous a pas convaincus, vous vous dites que c'est bien joli, mais le lobby agricole français (FNSEA) gagnera toujours contre les paysans sud-américains. Que les constructeurs automobiles gagneront toujours sur les écolos. Pourquoi vous vous dites ça? Parce que vous considérez que les constructeurs automobiles sont prêts à mobiliser plus de moyens et d'énergies ("ils ont des sous et des contacts") que les écolos, qui militent au sein d'assos sans moyen, et avec un réseau modeste (je renvoie les politologues au paradoxe d'Olson : incitations selectives plus fortes dans le cas d'un groupe restreint et avec des avantages matériels distinctifs à la clé que dans un groupe plus étendu avec seulement des avantages symboliques). Vous avez raison. Enjeu N°1: garantir à tous une place sur le terrain. Autrement dit : que tous les groupes aient l'opportunité de se faire entendre des TCP. Je vous ferais remarquer tout de même que des ONG comme Greenpeace ou Oxfam réussisent plutôt à se faire entendre. Mais il reste beaucoup de travail, je vous l'accorde. Comment faire...? (suspens insoutenable, non?)

Ca passe par l'imposition de règles du jeu identiques pour tous. Concrètement, l'influence des TCP peut se faire de plusieurs manières : prendre contact directement avec un TCP, mobiliser l'opinion publique pour influencer indirectement les TCP, organiser une coalition avec d'autres groupes partageant les mêmes intérêts, financer les campagnes électorales (aux USA) ou offrir des cadeaux ou services au TCP (P.Robert). Les organisations citoyennes, ou civiques, ou "à vocation sociale" selon la terminologie d'une camarade ont des avantages dans certains cas (opinion publique, coalitions) et des désavantages dans d'autres (financement campagnes électorales, cadeaux). L'idéal démocratique impose une recherche minimum d'égalité: il faut encadrer les pratiques de lobbying pour que la victoire que remportera Greenpeace en présentant un mémoire béton devant une commission thématique du Parlement Européen ne soit pas annulée par un coup de fil bien placé de Monsanto (dossier OGM) ou par des "séminaires" organisés par EDF aux Seychelles pour les députés (exemples fictifs).

Or encadrer les pratiques de lobbying impose de reconnaître une légitimité au lobbying. Ce n'est pas le cas en France, et on est timide à Bruxelles sur cette reconnaissance (pourtant, Bruxelles est la deuxième capitale mondiale du lobbying après Washington, avec 15 à 20 000 lobbyistes). Du coup, pas de législation. Du coup, "porte ouverte à toutes les fenêtres".

Vous avez peut-être entendu parler du scandale Abramoff aux Etats Unis. Ca vous fait dire que le lobbying c'est mal? Ca me fait écrire que si le lobbying avait pas été reconnu aux Etats Unis, il n'y aurait pas eu de Loi sur le sujet comme c'est le cas. Du coup, Abramoff aurait pas été obligé de publier ses comptes. Du coup personne n'aurait rien vu...et il n'y aurait pas eu de scandale. Du feu, mais pas de fumée.

Conclusion : il est légitime que le Club de tarot fasse du lobbying sur le Maire pour avoir la salle. Mais si il n'existe pas de cadre juridique pour ce lobbying, il est possible que le Club des Aînés, aux ressources plus grandes grâce à la vente de gateaux au chocolat, offre au Maire une part de gateau décisive... Au contraire, si les deux Clubs sont conviés à présenter publiquement des dossiers à une Commission d'attribution de la salle présidée par le Maire, le dossier le plus convaincant l'emportera. Un petit exemple frappant : le recul du lobby cigarettier face aux lobbies de patients, de médecins, etc.

Voilà.

Le débat est ouvert, je n'ai pas abordé l'aspect communicationnel du lobbying pour privilégier l'aspect plus politique.

Je ne resiste pas : quelques lobbies auxquels vous n'auriez peut-être pas pensé: le lobby européen des femmes, la campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel, la méthode Greenpeace, le Syndicat des Energies Renouvelables...