mercredi, septembre 19, 2007

Hôpitaux: contre la démission du politique


En avril 2006, le « rapport Vallancien », du nom de son auteur, urologue réputé de la clinique Montsouris à Paris, recommandait la fermeture de 113 hôpitaux dits « de proximité » en France. Le 4 septembre 2007, Bernard Debré, non moins réputé médecin et Député de Paris, se fendait d’une tribune dans Le Monde, demandant la fermeture – ou la « modernisation » - de « 1000 de nos 3000 établissements ». Les raisons invoquées par ces tenants du courant de pensée dominant en matière de santé ?

Tout d’abord, la sécurité. Les petits hôpitaux, de par le faible nombre d’actes pratiqués à l’année, ne disposeraient pas du savoir-faire permettant d’assurer de bonnes conditions de sécurité aux patients. C’est omettre deux facteurs. Le premier tient à l’indicateur utilisé : le nombre d’actes par hôpital par an. En dessous d’un certain seuil (dont la définition n’a rien de scientifique et n’a donné lieu à aucun débat contradictoire), l’hôpital ne saurait plus opérer. C’est faire un bien grand honneur à nos établissements que de les personnaliser ainsi. Jusqu’à nouvel ordre, ce sont des chirurgiens qui opèrent, des sages-femmes qui assistent les futures mamans et les infirmières qui prodiguent des soins. Or, si l’on prend la peine d’étudier d’un peu plus près les réalités de terrain, on s’aperçoit que les professionnels de santé des petits hôpitaux présentent selon cet indicateur (le nombre d’actes/professionnel/an) un bien meilleur ratio que ceux des grands hôpitaux. Le second facteur occulté par les analyses rapides de nos « experts » relève du bon sens : dans certaines régions isolées, la fermeture d’un plateau technique parfois déjà éloigné rallonge les délais de prise en charge des patients (urgences, maternités) et augmente d’autant la prise de risque inhérente à ce trajet. Les palliatifs avancés, notamment par Guy Vallancien, comme le transport héliporté ou les SMUR, font sourire les professionnels de l’urgence,tant l’utilisation de tels moyens restent soumis à des conditions de luminosité et de météo.

Ensuite, le coût. L’hôpital représente 50% du budget de la Sécurité Sociale, qui souffre du déséquilibre budgétaire (dépenses trop importantes et recettes insuffisantes) que l’on connaît. Les plus petits plateaux techniques, « coûteux », devraient donc être fermés, afin de concentrer l’effort sur les hôpitaux de pointe. C’est oublier que plusieurs études montrent l’économie réalisée à rapprocher les possibilités de prise en charge des patients et que certaines pathologies (les actes les plus nombreux) ne demandent pas de matériel ultraperfectionné pour être prises en charge (appendicites, points de suture…).

Enfin, la pénurie de médecins et d’infirmières dans ces petits hôpitaux. On touche là à la démission du politique face à un état de fait. Quoi d’étonnant à ce que les professionnels, volontairement maintenus en sous-nombre via un numerus clausus inadapté, rechignent à exercer dans des établissements que l’on présente depuis de nombreuses années, à grand coups de rapports et de déclarations publiques, comme vouées à la fermeture ? Quoi d’étonnant à ce qu’en l’absence de mesure incitative et en vertu de la « liberté d’installation », les praticiens – généralistes comme spécialistes – choisissent les villes et le Sud ? S’il y a un domaine où le mot de planification a encore un sens, c’est bien en matière de santé. Les Français doivent être égaux face à la santé, le politique doit être le garant de cette égalité, et non celui qui constate un état de fait.

Le politique doit réinvestir massivement la santé, avant que des fractures irrémédiables n’apparaissent, dynamitant un corps social qui n’en a pas vraiment besoin. Les autorités administratives compétentes (les Agences Régionales d’Hospitalisation notamment) doivent être réformées afin d’assumer un véritable rôle de planification sanitaire, et de s’ouvrir à plus de concertation locale et d’évaluation des besoins. Un moratoire doit être déclaré sur les fermetures d’hôpitaux et de maternités, jusqu’à ce qu’un débat national vienne éclairer les choix qui sont fait, chaque jour, en matière de santé publique.

mardi, août 28, 2007

Sarkozy fait fausse route en Palestine


Le discours de polititque étrangère de notre président est tombé. Discours fleuve, dont on peut saluer l'aspect innovant et (plus ou moins) englobant.

Je me contenterai de quelques lignes à propos du passage sur Israël-Palestine. NS a l'honnêté de reconnaître que "tout a été dit, beaucoup a été tenté" sur le sujet. Le voeu pieux de "relancer sans délai une authentique dynamique de paix" est le minimum qu'un président français puisse formuler. Rien de bien original jusque là.

Non, le passage choquant est ailleurs. Alors que, plus loin dans le discours, NS souhaite que le "concert des nations" s'occupe "de la défense et de la promotion des droits de l'Homme et de la démocratie", la politique souhaitée par le Président dans les territoires palestiniens semble être un soutien inconditionnel "à l'Autorité palestinienne, sous l'autorité de son Président", Mahmoud Abbas, Fatah.

C'est oublier que les Palestiniens ne veulent plus de ce Fatah, ou du moins plus de ce Fatah là, représenté par Mahmoud Abbas et son entourage. Cela a été dit et redit, le vote Hamas représentait un vote contestataire, face à un pouvoir Fatah corrompu, usé et coupé du peuple (l'affaire du "ciment de Qoreï" est un exemple du type d'attitude des dirigeants Fatah qui ne passe plus).

En s'evertuant à soutenir le Fatah, en négligeant la société civile qui souffre, prise entre une Autorité Palestinienne en pleine dérive sécuritaire et un Hamas hostile aux activités d'éducation populaire, en inondant les territoires palestiniens d'aide humanitaire inadaptée tout en coupant l'électricité à Gaza, en marginalisant à tout prix le Hamas, la France et l'Union Européenne participent de tout leur poids à la lente descente aux enfers des territoires palestiniens. On pouvait toujours rêver la rupture...

Merci au Rêve andalou pour les emprunts, et à Bastien pour la photo.

samedi, juin 30, 2007

Des blogs intéressants pour juillet

Le blog de Claire, en stage à Ramallah depuis début juin (et jusqu'en octobre) et celui de Bastien, Matthieu, Stéphane, Anne-Lise et Charlène, qui passent leur mois de juillet un peu partout en Israël et dans les territoires.

Tout ça grâce à FFIPP, bien sûr!

mercredi, juin 13, 2007

Congés d'été


reprise des programmes en septembre, s'il y a des choses à dire, et si vous avez pas perdu l'adresse du blog. Bonnes vacances!

(je vais cependant recommencer à mettre des photos sur FlickR (à droite), vous pouvez aller voir si le coeur vous en dit: Californie, Palestine, Colo, Morvan....)

dimanche, juin 10, 2007

Sarko bourré?

Au G8, Sarkozy s'est distingué par son dynamisme et sa clarté!

Voir la vidéo.

samedi, juin 09, 2007

Les voix qui montent en Israël


Je reproduit un texte du blog d'Alain Gresh, très intéressant.

Abandonner le ghetto sioniste

Fils d’un dirigeant historique du Parti national relgieux (PNR) et ancien ministre de l’intérieur, Abraham Burg, un juif religieux, n’est pas n’importe qui, explique le journaliste de Haaretz, Ari Shavit, dans un article intitulé « Leaving the Zionist Ghetto » (Abandonner le ghetto sioniste) publié le 9 juin. Il a été, après 1982, proche de Shimon Peres, et un des grands espoirs du Parti travailliste. Il a été président de l’Agence juive, président du parlement et candidat à la direction du Parti travailliste. Il vient de publier un livre en Israël qui provoque un scandale, « Defeating Hitler » (Vaincre Hitler). Voici quelques extraits de son entretien avec Ari Shavit qui a été outré par les propos de Burg.

Q. Etes-vous toujours sioniste ?

R. « Je suis un être humain, je suis un juif et je suis un Israélien. Le sionisme a été un instrument pour me transporter de l’Etat juif à l’Etat d’Israël (to move me from the Jewish state of being to the Israeli state of being). C’est Ben Gourion qui déclarait que le mouvement sioniste était l’échafaudage pour construire une maison et que, après l’établissement de l’Etat, il devait disparaître. »

Q. Donc vous confirmez que vous n’êtes plus sioniste ?

R. « Lors du premier congrès sioniste, c’est le sionisme de Herzl qui a vaincu le sionisme d’Ahad Ha’am. Je pense que le XXIe siècle devrait être le siècle d’Ahad Ha’am. Nous devons abandonner Herzl et passer à Ahad Ha’am. »

Note de AG sur Ahad Ha’am, de son vrai nom Asher Tzvi Ginsberg (1856-1927). Fondateur de l’organisation des Amants de Sion et l’un des pères de littérature hébraïque, il met en doute l’idée que l’Etat juif est la solution idéale aux problèmes du peuple juif et prône, plutôt, la création en Palestine d’un centre spirituel. Il est aussi l’un des premiers à prendre conscience du "problème arabe". A l’issue de son premier voyage en Palestine, il écrit un article intitulé « Vérité de la terre d’Israël ». Il écrit : « Nous avons pris l’habitude de croire, hors d’Israël, que la terre d’Israël est aujourd’hui presque entièrement désertique, aride et inculte, et que quiconque veut y acheter des terres peut le faire sans entrave. Mais la vérité est tout autre. Dans tout le pays, il est dur de trouver des champs cultivables qui ne soient pas cultives. (...) Nous avons l’habitude de croire, hors d’Israël, que les Arabes sont tous des sauvages du désert, un peuple qui ressemble aux ânes, qu’ils ne voient ni ne comprennent ce qui se fait autour d’eux. Mais c’est là une grande erreur. L’Arabe, comme tous les fils de Sem, a une intelligence aiguë et rusée. (...) S’il advient un jour que la vie de notre peuple (les juifs) dans le pays d’Israël se développe au point de repousser, ne fût-ce qu’un tout petit peu, le peuple du pays, ce dernier n’abandonnera pas sa place facilement. »

Q. Cela signifie-t-il que vous ne trouvez plus la notion d’Etat juif acceptable ?

R. « Cela ne peut plus fonctionner. Définir l’Etat d’Israël comme un Etat juif est le début de la fin. Un Etat juif, c’est explosif, c’est de la dynamite. »

Q. Et un Etat juif démocratique ?

R. « Les gens trouvent cette notion confortable. Elle est belle. Elle est à l’eau de rose. Elle est nostalgique. Elle est rétro. Elle donne un sens de plénitude. Mais "démocratique-juif", c’est de la nitroglycérine. »

(...) Q. Est-ce que nous devons abandonner la Loi du retour ?

R. « Nous devons ouvrir la discussion. La Loi du retour est une loi, elle est une image en miroir de Hitler. Je ne veux pas que Hitler définisse mon identité. »

Interrogé sur le fait qu’il n’est pas seulement un post-sioniste mais aussi un anti-sioniste, il répond :

R. « Ahad Ha’am a reproché à Herzl que tout son sionisme avait sa source dans l’antisémitisme. Il pensait à autre chose, à Israël comme centre spirituel – ce point de vue n’est pas mort et il est temps qu’il revienne. Notre sionisme de confrontation avec le monde est un désastre. »

Q. Mais ce n’est pas seulement la question sioniste. Votre livre est anti-israélien, au sens le plus profond du terme. C’est un livre dont émane une répugnance à l’égard de l’israélité.

R. Quand j’étais un enfant, j’étais un juif. Dans le langage qui prévaut ici, un enfant juif. J’allais dans un heder [école religieuse]. D’anciens étudiants de la yeshiva y enseignaient. La langue, les signes, les odeurs, les goût, les places. Tout. Aujourd’hui, ce n’est pas assez pour moi. Je suis au-delà de l’israélité. Des trois identités qui me constituent – humaine, juive, israélienne – je sens que l’élément israélien me dépossède des deux autres.

(...) Q. Vous dites qu’Israël est un ghetto sioniste, impérialiste, une place brutale qui ne croit qu’en elle-même.

R. « Regardez la guerre du Liban. Les gens sont revenus du champ de bataille. Des choses ont été accomplies, d’autres ont échoué, il y a eu des révélations. Vous pourriez penser que les gens du centre (mainstream) et même de la droite comprendraient que l’armée voulait gagner et qu’elle n’a pas gagné. Que la force n’est pas la solution. Et puis on a Gaza, et quel est le discours sur Gaza ? Nous allons les écraser, nous allons les éradiquer. Rien n’a changé. Rien. Et ce n’est pas seulement nation contre nation. Regardez les relations entre les gens. Ecoutez les conversations personnelles. Le niveau de violences sur les routes, les déclarations des femmes battues. Regardez l’image d’Israël que renvoie le miroir. »

Q. Vous dites que le problème n’est pas seulement l’occupation. A vos yeux, Israël est une sorte d’horrible mutant.

R. « L’occupation n’est qu’une petite partie du problème. Israël est une société effrayante. Pour regarder la source de cette obsession de la force et pour l’éradiquer, vous devez affronter les peurs. Et la méta-peur, la peur primaire, ce sont les six millions de juifs qui sont morts avec l’holocauste. »

(...)

Q. Dans votre livre, nous ne sommes pas seulement des victimes du nazisme. Nous sommes presque des judéo-nazis. Vous êtes prudents. Vous ne dites pas qu’Israël est l’Allemagne nazie, mais vous n’en êtes pas loin. Vous dites qu’Israël est dans le stade de l’Allemagne pré-nazie.

R. « Oui. J’ai commencé mon livre par l’endroit le plus triste. Comme un deuil, mais un deuil d’Israël. Alors que j’écrivais, je pensais à un titre : "Hitler a gagné". Je pensais que tout était perdu. Mais, petit à petit, j’ai découvert que tout n’était pas perdu. Et j’ai découvert mon père comme représentant des juifs allemands, qui était en avance sur son temps. Ces deux thèmes nourrissent mon livre du début à la fin. A la fin, je deviens optimiste et la fin de mon livre est optimiste. »

Q. La fin est peut-être optimiste, mais tout au long du livre vous dressez un signe d’égalité entre Israël et l’Allemagne. Est-ce vraiment justifié ? Y-a-t-il une base suffisante pour cette analogie ?

R. « Ce n’est pas une science exacte, mais je vais vous donner quelques éléments qui s’inscrivent dans cette analogie : une grande sensibilité à l’insulte nationale ; un sentiment que le monde nous rejette ; une incompréhension aux pertes dans les guerres (unexplained losses in wars). Et, comme résultat, la centralité du militarisme dans notre identité. La place des officiers de réserve dans notre société. Le nombre d’Israéliens armés dans la rue. Où est-ce que cette foule de gens armés va ? Les expressions hurlées dans la rue : "les Arabes dehors". »

vendredi, juin 08, 2007

Pas besoin d'aller bien loin


Un texte d'Angéline, qui travaille avec les Roms à Tours. Pour plus d'infos, romeurope.org.

Pas besoin d’aller bien loin…

Yougoslavie, hiver 1995. Ismet, Slobo et les autres quittent le Kosovo, sous les bombes qui les ont détruits et menacent leurs familles…
Tours, hiver 2007. Leurs enfants, Emra Yastreb et les autres, partagent avec moi le même amour de la danse. Une rencontre. 70 personnes, dont la moitié d’enfants vivent là, dans un ghetto de préfabriqués. 12 m² par famille. Un camp provisoirement installé par la mairie (en sursis de mois en mois) à 2km du premier bus, sur une plaine joliment appelée « la Gloriette ».
Autour d’un café, Romano Radio en fond, chacun me raconte son périple. Souada, 20 ans, enceinte, me raconte comment elle a laissé sa famille pour fuir avec celle de son mari. Et puis, il y a aussi Dalibor qui ne peut pas honorer le CDI qu’il a trouvé. Des dérogation de droit au travail existent pour les personnes non régularisées….au bon vouloir du préfet….et puis un couple dont la femme est gravement malade et qui a alors reçu un titre de séjour comme résidente étrangère malade. Elle a donc le droit de travailler… mais pas son mari. Puisqu’il est en pleine forme, il n’a pas eu ce titre de séjour…. Ou encore Isko 18 ans, qui vient de revenir de deux mois de rétention administrative, puisque contrôlé en situation irrégulière….

Mais qu’ont fait ces gens pour être dans cette situation ??? Ils sont Roms et viennent des Balkans. Un peuple qui, là-bas est rejeté, menacé de mort en permanence, aux villages brûlés ou rasés. Un peuple qui, ici non plus n’est pas le bienvenu. On leur reproche de ne pas entretenir la propreté de leur « site d’accueil », de ne pas envoyer leurs enfants à l’école, de faire la fête aussi… Mais protégés par le Haut Commissariat aux Réfugiés, ces familles ne peuvent pas être renvoyées là-bas. « Non-expulsables », comme 60 000 autres personnes en France. On leur propose bien de les aider à rentrer, en leur octroyant une prime dès leur retour dans les Balkans. Une personne de confession juive par exemple, exilée en pays allier, aurait-elle en 1943, acceptée de rentrer en France, malgré une prime ?... Autant d’absurdités et d’impasses qui existent ici, au pays des droits de l’Homme…

Un peuple errant. Autrefois par choix, aujourd’hui par survie. Quel avenir pour ces personnes? Ce qu’ils demandent ? Pas grand-chose, juste un peu de dignité humaine. Le droit de travailler, un endroit où dormir un peu plus décemment et puis pouvoir amener leurs enfants à l’école. Vivre et subvenir aux besoins de leur famille, en somme.

Chacun se rejettent la faute. A quoi bon, ils sont là. Un jour peut-être l’Homme accueillera ses frères dans la dignité. Un jour peut-être. Ne pouvons-nous pas leur préserver un bout d’enfance malgré tout ce qu’ils ont pu subir ? Un espoir serein de grandir ? De vivre, Malgré tout.
En attendant, Antonella regarde pousser ses tomates, Nano et Alex jouent au ballon, Samuel me réclame une histoire, Emra chante, Zana et Dorlanda dansent pour des jours meilleurs …

jeudi, mai 31, 2007

Ici et ailleurs, ici


"Tu sors par la porte et tu rentres les fesses pleines de confiture. C'est incroyable. C'est incroyable."

Le costume est chic, bien qu'un peu passé, les cheveux sont soignés, le visage noble. Un bel homme, qu'on sent venir du "monde", d'un endroit où l'on respecte les conventions. Là, il n'est plus là. Ou plutôt il s'est fait de ce "là" non plus "le" monde, mais "son" monde. D'ailleurs, il fredonne Aznavour: "Emmenez moi, au pays des merveilles..."

Qu'est ce qui l'a fait partir, ce bel homme du RER C? On ne saura pas...

Un bon prélude à la semaine prochaine, au contact de la folie, pendant laquelle vous voudrez bien m'excuser de ne pas poster avec régularité.

lundi, mai 28, 2007

"C'est recommandable"


Je ne sais pas si j'ai déjà parlé de JR, photographe dont un projet a été (brièvement, voir le post précédent) exposé sur le Mur et ailleurs en Israël et Palestine.

En tout cas, il fait des belles photos, de tout, de tous et de partout, qu'il met en ligne sur son beau site.

PS: Et j'ai mis de la nouvelle musique! Things are getting better.

Le Mur, espace d'expression?


De nombreux projets artistico-politiques sont menés depuis 2004 pour lutter contre le Mur. Des trous en trompe-l’œil dans le Mur laissent voir le ciel bleu, l’horizon, la mer, ou simplement…un paysage d’oliviers, tel que visible avant l’érection des 8/9m de béton. Une petite fille accrochée à des ballons s’envole, Gandhi rappelle l’efficacité de la non-violence, JR colle des photos géantes, portraits croisés d’Israéliens et de Palestiniens.

Bien joli, tout ça. Faut dire qu’il y a de la surface à recouvrir… Pourtant, de plus en plus, les projets font long feu, et les fresques ou les photos sont recouvertes d’inscription ou arrachées. Par les Palestiniens. Alors, quoi ? Ils préfèrent un Mur tout gris ?

Il préfèreraient pas de Mur du tout, bien sûr. En attendant, hors de question que le Mur ne devienne un « bel » objet,. Peindre dessus, le décorer, pourrait contribuer à l’ancrer dans le paysage – dans la vie. D’un point de vue Palestinien, ce Mur doit demeurer une verrue dans le paysage, pour ne jamais oublier qu’il n’a rien à faire là.

Il est intéressant de noter que c’est l’inverse côté israélien, puisque partout où le Mur est visible par des populations juives, il est soit peint en trompe-l’œil, soit recouvert d’une couche de pierre de Jérusalem, pour lui donner un peu d’allure.



jeudi, mai 24, 2007

La Gauche, avec un grand G? (2)


Alors qu'Hollande ne se sollicitera pas de quatrième mandat à la tête du PS, infirmant probablement l'hypothèse selon laquelle il fonderait un grand parti de gauche pour contrebalancer l'UMP, l'idée de la Gauche rassemblée est reprise par Noël Mamère sur son site.

Bien placé pour parler puisqu'en tandem avec Naïma Charaï, militante socialiste, il invoque l'urgence de "pouvoir compter sur une Gauche combative, en mesure de s’exprimer à l’Assemblée, de résister et de proposer un autre projet de société ; celui qui a été défendu par les candidats de la Gauche au premier tour et par Ségolène Royal au deuxième tour."

"A l’Assemblée Nationale, c’est ce projet que je veux défendre, fondé sur des valeurs de solidarité, de protection, de redistribution de nos richesses et de tolérance ; un projet qui prône la paix civile et sociale contre la logique de l’affrontement : qui croit aux vertus de la responsabilité collective contre l’exaltation de la concurrence et du chacun pour soi ; qui revendique la laïcité comme rempart contre les dérives communautaristes ; qui oppose une société multiculturelle riche de sa diversité au ministère de l’Identité nationale, de l’Immigration et de l’Intégration ; qui défend les biens communs et le principe de précaution, désormais inscrit dans notre Constitution, contre les lobbies chimiques et agricoles qui polluent notre environnement, détruisent nos sols et éliminent nos paysans.", écrit-il.

Pourtant, le CNIR des Verts ("parlement") a rejeté dimanche l'offre du PS, pourtant généreuse au vu des résultats de D.Voynet. Une position qui "fait planer la menace de l’éclatement", selon Noël.

A suivre...

mardi, mai 22, 2007

Juppé l'écolo

J'ai du mal à comprendre comment Juppé, qui n'a pas réussi à mettre en place la collecte sélective des ordures à Bordeaux en 10 ans de Mairie (1995-2004 et depuis 2006) et 4 ans de présidence de la Communauté Urbaine (2001-2004), se retrouve propulsé au Ministère du développement durable, avec les ONG béates après son "Grenelle de l'environnement"...

Enfin, comme l'écrivait je ne sais plus quel blogueur, c'est un signe fort aux délinquants du pays tout entier: oui, la réinsertion est possible.

lundi, mai 21, 2007

La Gauche, avec un grand G?


Je ne sais pas si la vie est bien ou mal faite, mais pour mon premier tractage au nom du MJS dans ces législatives, je me suis retrouvé à distribuer des tracts...Noël Mamère. C'est que sur la 3ème circonscription de Gironde, Allelluia!, Verts et PS ont réussi à se mettre d'accord pour présenter une candidature unique de Noël, avec pour suppléante Naïma Cheraï, PS.

Bref, tout ça pour dire que je me suis retrouvé à écumer le marché avec le moustachu, star internationale en ses terres, et tout plein de Verts. Bon, moi qui avait joué mon départ discrètement, là je me suis retrouvé les pieds dans le plat. Sourires amusés des quelques "copains" qui se rappelaient de moi.

En fait j'ai passé plus de temps à discuter avec Clément, ancien Président des Verts Aquitaine, qu'à tracter (Noël gérait très bien son image et sa popularité tout seul!). Et tenez vous bien, il paraîtrait qu'Hollande prépare un grand parti, une "UMP de gauche", qu'il voudrait baptiser... "La Gauche". De DSK à Gayssot.

Je suis pour.

jeudi, mai 17, 2007

On croit que c'est fini...

Je passe la frontiere, assez facilement. Mythique, le soupir blase de la douaniere israelienne quand elle me demande, le doigt sur mon visa de Gaza, ce que je faisais en Israel et que je lui reponds, avec un grand sourire: "Backpacking, madam!". Les douaniers jordaniens sont plus penibles (et moins jolis). Mais tout ca s'arrange et je sors. Fin du voyage?

Non. Je me retrouve (ne me demandez pas comment, c'est complexe) dans une voiture avec un "Palestinien de 1948" (les Arabes qui sont restes chez eux et qui ont maintenant la nationalite israelienne) et un refugie originaire de Jenin, Cisjordanie, exile a Amman.

Les deux heures les plus dures du voyage, je crois. "Mon grand pere, qui est parti avec toute la famille a Amman en 1948, m'a montre des photos de notre maison a Haifa. Une superbe maison, tres grande, avec beaucoup de terrains agricoles dans la banlieue de la ville. J'y suis retourne. Elle existe encore, habitee depuis par des Juifs. Ma famille, ceux qui sont partis a Amman, vivent aujourd'hui a 8 dans 20 m2, sans terre. Ils sont censes penser quoi?"

L'autre, le refugie de Jenin: "Avant 1948, les Juifs, qui etaient la depuis longtemps, les Chretiens et les Musulmans vivaient tres bien ensemble. Chacun connaissait son voisin, tout le monde parlait l'arabe, travaillait ensemble... Mais les Juifs qui viennent de Pologne ou de Russie, que connaissent-ils de la Palestine? Que connaissent-ils de moi, en tant que Palestiniens? Pourquoi ont-ils plus de droits que moi sur ma terre?"

Le lendemain de la commemoration de la Naqba (la "catastrophe" de 1948), c'est un beau rappel que la question des refugies demeurent brulante, non pas seulement politiquement, mais humainement, pour les 7 millions de Palestiniens deplaces depuis 1967.

Des solutions, me demanderez vous? Eux n'en avaient pas. Moi non plus, ca se saurait.

mardi, mai 15, 2007

C'est fini...

C'est le depart pour la Jordanie demain. Prendre le bus israelien a Jerusalem, pour se rendre au point de passage le plus au nord (Sheikh Hussein)...en traversant la Cisjordanie, histoire de ne pas oublier l'occupation en partant.

On commemore aujourd'hui le 59eme anniversaire de la Naqba chez les Palestiniens et les Israeliens eclaires. Les autres celebrent le 40eme anniversaire de la "reunification de Jerusalem".

Moi je ne celebre rien, j'ai juste envie de dormir un peu, de boire de l'arak en fumant un narguile et en mangeant quelques baklavas.

Merci de m'avoir lu pendant cette periode palestinienne d'IR, qui devrait continuer a vivre, un peu bancal, un peu irregulier et lunatique...

Un peu incertain, finalement.

dimanche, mai 13, 2007

J'aime bien

Le coup de gueule de Quatremer sur l'attitude de Sarko ces derniers jours.

samedi, mai 12, 2007

Petra, under the rain

Il y a en moyenne une journee de pluie durant le mois de mai en Jordanie. C'etait aujourdhui. Ca, on a pas ete embetes par le monde a Petra. D'ailleurs, on a pas eu le temps: apres avoir passe 20 minutes dans notre grotte au sommet de la montagne en attendant que la pluie (et les torrents consequents) se calment, on etait tellement frigorifies que ce fut direction AlJazeera/The a l'hotel.

Cela dit, hier il faisait beau, on y etait aussi, et c'etait magique. Grandiose. Superbe.

Demain, retour a Ramallah apres ces deux jours de tourisme aps exactement reposants mais bien agreables.

jeudi, mai 10, 2007

Hallucinations?


Bonjour;

Comment allez vous?

Ici, ca va. Ca va bien. Ca plane, on pourrait dire, meme. Ca plane haut. "Dans la quatrieme dimension", comme dirait Momo. Du coup, c'est un peu surrealiste.

Surrealiste, cette nuit a la belle etoile sur la terrasse de l'appartement de quatre jeunes espagnols qui bossent a Ramallah, avec vue sur la Moqata. Mais ce n'etait que le debut.

Surrealiste, d'apprendre que le centre pour enfants handicapes que nous avions visite il y a tout juste une semaine, a Jerusalem-est, a ete detruit hier par l'armee israelienne. Mais ce n'etait que le debut.

Surrealiste, cet animateur essayant de gerer tant bien que mal son petit groupe de gamins sur l'esplanade du Mur des Lamentations, M-16 en bandouillere. Un M-16, c'est un fusil mitrailleur, pour les non familiers. Mais ce n'etait que le debut.

Surrealiste, cette partie de petanque a Ramallah, au coucher du soleil, avec le patron de l'hotel AlWedeh et ses accolytes du "Club de petanque de Ramallah". Oui monsieur. Mais ce n'etait que le debut.

Surrealiste, l'agitation et les tirs qui montent d'un coup de la rue alors que j'ecris ce mail. Un Jeune Fatah que ses pairs soupconnent d'etre un espion. Mort, pas mort? La police s'en mele. Mais ce n'etait que le debut.

Surrealiste, la lecture du mail de Lara, qui est rentree hier en France, apres s'etre faite copieusement trifouiller physiquement et psychologiquement. Mais tout ca, ce n'est que le debut.

Demain soir, je serai a Petra. Surrealiste, aussi, sans doute. Comme le petit voyage de Sarko sur son bateau. On vit dans un monde, j'vous jure, ma bonne dame...

Les faits sont sacres, les commentaires sont libres


Sud Ouest parle de mon depart des V/JV. Je tiens preciser que:


1. Il va de soi que ce n'est pas moi qui ait prevenu J.Rousset, mon depart n'avait evidemment pas a etre mediatise.

2. Le sit-in dans la cour du Palais Rohan etait une action collective, a laquelle tout le monde avait apporte sa pierre (et sa voix!).

3. La conclusion, tiree de mon blog, est un peu pedante quand elle est dans un papier comme sud ouest. Il faut la remettre dans le contexte de mon blog, generalement lu par quelques amis et parents, et dans le contexte de l'ecriture de ce post d'il y a maintenant presque un mois: un coup de gueule sans pretention.


Que les gens qui se sentent blesses, outrages, molestes ou autre par l'article de Julien Rousset veuillent bien m'excuser. Sur le fond, je suis toujours pret a en discuter!

mardi, mai 08, 2007

Tortures en Israel?

Un article du monde sur un rapport denoncant les pratiques d'interrogatoire des Israeliens. Mais c'est pas grave parce que "ca a contribue a sauver la vie de nombreux Israeliens dans le passe".

Contre le pathos


On m'ecrit que mes comptes rendus de rencontre sont trop longs (j'avoue, j'avais promis) et manquent d'emotion, de rencontre, de spontaneite.


Je plaide partiellement coupable (ca doit etre moyennement juridiquement viable, ca). Le compte rendu de la rencontre avec Warschawski hier etait long et sans doute arride, je n'ai pas pris le temps de l'enrober un peu. Soit.
Je crois que dans un voyage "politique" comme celui-la, l'emotion dessert plus qu'elle ne sert. Bien sur, c'est plus facile a lire. Pauvres enfants enfermes, pauvres fermiers prives de leur terre, pauvres mourants bloques au checkpoints, pauvre, pauvre de nous, qu'avons nous fait! Et vous, vous lisez ca, et vous vous dites:


1) Il y a des gens qui ont l'air de souffrir, la-bas

2) Dans quel etat il va rentrer, le gamin

3) En tout cas, j'ai pas envie d'y aller


Et moi j'ai echoue a vous montrer (un peu) l'aspect politique et systematique du conflit. L'humain est au coeur de nos projets : le centre de vacances francopalestinien n'est qu'humain, et si on se met a y penser en terme politique, a quoi bon sortirpermettre la rencontre entre 15 gamins palestiniens et 15 francais alors que 500 000 autres gamins sont en train de mourir dans la Bande de Gaza? Mais si je ne faisais que mettre bout a bout des histoires tragiques de familles avec deux martyrs, trois prisonniers et un handicape, on ne decollerait pas. Venez voir, pour ca, je vous y invite sincerement. Ou juste, venez voir les gamins au centre de vacances (ouvert a tous!) en juillet, discutez avec eux.


Aujourd'hui, mon objectif est de prendre un peu de recul par rapport a cette situation. Si on ne prend pas un peu de hauteur (physiquement : de haut, on voit mieux certaines choses), on passe completement a cote du systeme, dans tous les sens du terme, que represente l'occupation. Et ce serait dommage, parce que la situation ici, est POLITIQUE avant, bien avant, d'etre HUMANITAIRE. Les Palestiniens n'ont pas (quoique, ca commence) besoin de sacs de farine, mais de liberte. Ils n'ont pas besoin de nos larmes, mais de notre action concrete.


L'un - le recul - ne devrait pas etre exclusif de l'autre - l'emotion-. Je vais faire un effort pour faire taire le monstre froid qui est en moi, et retrouver un peu de naivete.

lundi, mai 07, 2007

Une vision israelienne de la colonisation

ATTENTION: CARTE DE 2002, POUR INFORMATION GENERALE. VISITER LE SITE DE BTSELEM POUR MISES A JOUR.


Rencontre avec Michel Warschawski, Alternative Information Center, 07/05/2007, Jerusalem
Compte rendu brut.


La colonisation des territoires occupes en 1967 repond a une logique tres pointue et perverse.
Elle repond a des objectifs differents en Cisjordanie et autour de Jerusalem.

En Cisjordanie, l'objectif est spatial, et non demographique. En effet, il est tres rapidement apparu aux Israeliens qu'il leur etait impossible de vouloir rattraper la population arabe et de judeiser ainsi la Cisjordanie. La question est alors de savoir comment creer progressivement une extension d'Israel dans des zones peu peuplees, afin d'integrer ces colonies au territoire israelien. 90% des colons de Cisjordanie se trouvent aux marges. Les petites colonies au coeur de la Cisjordanie sont maintenues soit comme future monnaie d'echange soit comme concession au colons ideologiques, mais elles posent probleme et ne rentrent pas dans le plan global de colonisation.

A Jerusalem, l'objectif est clairement demographique. L'idee de "Jerusalem reunifiee", qui justifie la colonisation autour de la Vieille Ville, a l'est, est une mystification. Les limites de la municipalite de Jerusalem, decidees en 1967 par les Israeliens, ne correspondent a aucune realite, et recouvrent des quartiers qui n'ont jamais ete, depuis les temps bibliques, consideres comme Jerusalem. Ces frontieres s'arretent a Ramallah au Nord, a Bethlehem au Sud, et a Abu Dis a l'est: le plus de surface possible, avec le moins de Palestiniens possible. Par exemple, dans la region de Bethlehem, les terres de Beit sahour ont ete confisquees et sont devenues la colonie de Har Oma, celles de Beit Jela sont devenues Gilo, le Mur gardant a l'exterieur (ou a l'interieur, suivant la perspective adoptee...) les palestiniens. En 1967, il y avait a Jerusalem (Est et OUest) 70% de Juifs et 30% d'Arabes (chretiens et musulmans). Depuis, tout a ete fait pour maintenir cette proportion; objectif atteint puisqu'on compte aujourd'hui environ 200 000 juifs a l'Ouest, 200 000 colons a l'est et 200 000 palestiniens a l'est. Un comite interministeriel pour Jerusalem est responsable de la politique de judeisation de la Ville depuis 1967. Tres bon fonctionnement, avec la mise en place de 4 axes strategiques:

1)Amenagement du territoire, via les "zones vertes", qui sont les zones non construites en 1967 entre les villages palestiniens de Jerusalem-est et qui ont ete interdites a la construction par Israel, empechant l'extension naturelle des villages. les habitants ont le choix entre construire dans ces zones sans permis (=> destruction) ou quitter les limites de Jerusalem et perdre ainsi leur statut de resident.

2)Politique de regroupement familial qui interdit dans l'immense majorite des cas a un(e) Palestinien(ne) venant de l'exterieur des limites etendues de Jerusalem de rejoindre son/sa conjoint(e) a l'interieur de ces limites. La encore, les menages n'ont d'autres choix que de s'installer hors des limites. (NB: les palestiniens de Jerusalem est ont le statut de resident sur le territoire israelien (dans leur propres villages), comme un francais qui souhaiterait habiter en Israel. Ce statut, considere comme un cadeau d'Israel, peut se perdre en cas d'absence prolongee (etudes, travail...) de Jerusalem, generant un grand nombre d'apatrides).

3)La politique de colonisation: les zones vertes, qui recouvrent des terres utilisables par leurs proprietaires palestiniens (sauf pour la construction), peuvent etre expropriees "dans l'interet public" (comme dans tout pays avec systeme d'occupation des sols moderne)...sauf que cette expropriation de proprietaires palestiniens se fait EXCLUSIVEMENT au profit de nouvelles habitations israeliennes (colonies).

4) Le Mur. Des 1992, les bouclages ont commence a couper Jerusalem du reste de la Cisjordanie. Jerusalem etait le coeur economique, culturel, politique, social, etc. de la Cisjordanie. Avec cette politique de coupure des arteres, le coeur est mort. Ainsi de l'hopital de Jerusalem, hopital national. Avec les bouclages, cet hopital est devenu disproportionne par rapport a la population qui y avait acces, en meme temps que la population de Cisjordanie connaissait de graves carences en terme d'acces a la sante. Dilemne pour les Palestiniens: ratifier cette mort de Jerusalem et creer un hopital a Ramallah ou continuer a "faire comme si". Resultat de cette politique : tous les cadres sociaux, politiques et economiques sont partis hors les limites de la Ville.

En CIsjordanie, plus qu'une politique de controle (ICAHD), c'est d'une politique d'insularisation qu'il s'agit: il faut passer d'une situation ou les colonies sont des ilots au milieu de terres et de villages palestiniens, a une situation inverse ou ce sont les villages palestiniens qui sont des ilots. Principe geometrique de base : dans un espace a deux dimensions, il est impossible de concilier uen continuite palestinienne et une continuite israelienne. Pour Sharon, priorite a la continuite israelienne, dans la droite ligne de Ben Gurion (plus que de la droite israelienne): peu importent les symboles (un Etat Palestinien? Avec un President?), ce qui compte c'est le concret. Cependant, les Etats Unis tiennent a une "contiguite" des territoires palestiniens => passage a un espace en trois dimensions, avec des ponts et des tunnels pour assurer les 2 continuites.

Parenthese sur la "deuxieme Intifada": pour M.W., erreur de perception, car si la premiere intifada a ete un soulevement palestinien, ce qu'on appelle la seconde INtifada a ete la REACTION palestinienne a un plan israelien de reconquete des concessions des annees 1990 qui s'est mis en place a la faveur d'un reframing du conflit (on passe d'une lutte pour la souverainete a une expression du terrorisme mondial).

Les perspectives: du cote israelien, on a oublie les palestiniens, qui ne sont plus qu'un eczema superficiel. En aucun cas besoni d'aller chez le medecin, encore moins d'amputer: on peut bien vivre en l'etat. Cote palestinien, fort retrait sur soi meme: on cherche avant tout a faire vivre sa famille, sa ville, a envoyer ses enfants etudier a l'etranger. Les 6 dernieres annees ont epuise les palestiniens, qui reprennent leurs forces. Mais pas abandon, plutot patience, couplee a une forte consicience de l'Histoire : "ca sert a rien de s'exciter, on en a vu d'autres, ca finira par passer, comme toutes les autres occupations" (les palestiniens ont ete occupes 36 fois). En parallelle, deliquescence de la societe israelienne, avec ghettoisation et pauperisation, sans parler de la defaite militaire de l'ete 2006.

Comment concilier une politique de colonisation avec les imperatifs juridiques et internationaux de gel de cette meme colonisation? AU moment du trace des limites des colonies, les militaires ont pris soin de faire des limites tres larges, recouvrant toutes les terres, jusqu'a la colonie voisine, couvrant ainsi toute la zone c. Du coup, possibilite de creer une nouvelle colonie sur une nouvelle colline en disant que ce n'est qu'une extension de la colonie existante, qui peut etre tres loin (Maale Adunim fait aujourdhui plus de 20km de long...).

Lieberman, president du Conseil des colons de Cisjordanie: c'est une illusion de vouloir assurer majorite juive en Cisjordanie. L'idee est plutot de garantir une continuite avec Israel aux colons, en modifiant le paysage. Il est tres important de marquer le paysage, par des stations essences, des zones industrielles fantomes, des drapeaux, pour donner l'illusion aux colons de ne pas quitter Israel, meme quand ils sont au coeur de la Cisjordanie. Ainsi, meme avec peu de colons, on en vient a oublier les palestiniens.

dimanche, mai 06, 2007

Notre voiture attaquee a Gaza...


...par un gamin et son pistolet a eau rose fluo.

Respectant scrupuleusement les consignes du Consulat, nous ne sommes pas partis a la recherche d'Alan Johnston, ni n'avons pris de bain de minuit nus comme Manu le souhaitait(coucher de soleil paradisiaque sur la mer et le petit port de Gaza!). En fait, nous avons passe la plus grande partie de notre temps en reunion a l'hotel. Un peu frustrant d'un point de vue "journalistique".

Bien sur, il y a quand meme eu le checkpoint d'Erez, toujours plus grand, gros, long, moderne.

Bien sur, il y a quand meme eu toutes ces armes, ces impacts de balles et d'obus, ces maisons detruites, sur le chemin.

Bien sur, il y a eu toutes ces histoires que les enfants ont souhaite nous faire partager. Les histoires de l'ete 2006, quand il n'avaient pas pu sortir de la Bande pour venir en France. L'histoire de Huda, qui a vu sa famille mourir sur la plage en juin dernier, l'histoire de Beit Hanoun en novembre 2006. Ca c'est pour les histoires vues a la tele. Pour le vecu, les bombes sonores en permanence, les avions qui passent le Mur (du son), et puis cette jeune fille de 24 ans, tuee jeudi, devant leurs yeux, a l'entree de leur centre de loisir, d'une balle dans la tete (par un Palestinien).

Mais surtout, il y a eu le plaisir de retrouver ces enfants, leur plaisir, leur maniere de raconter leur sejour en France il y a deux ans, leurs echanges avec les enfants francais qui durent jusqu'a aujourd'hui, leur envie d'y retourner. Les parents qui nous parlent de comment les enfants ont change apres leur sejour, de comment ils nous ofnt confiance pour l'annee prochaine. Les moments de complicite avec Ihab, Mahmoud, Jumah, Niveen, meme apres un an et demi.

L'envie d'avancer dans cette voie, finalement!

samedi, mai 05, 2007

Boire la mer a Gaza

Un tout petit message insignifiant pour rassurer ma maman : tout va bien, nous sommes barricades dans notre hotel, la mer est tres belle mais on a pas le droit de sortir, on a vu les enfants, j'ai plein d'histoires droles et pas droles a vous raconter, peut-etre.

vendredi, mai 04, 2007

Evolution

Il est sans doute preferable de parler de l'evolution de la situation aujourd'hui, c'est a dire avant demain, jour de notre depart pour Gaza.

La question revient : "c'est comment par rapport a avant?". Avant, pour moi, c'est seulement 2004, 2005, 2006: ca relativise la pertinence de la comparaison. Et ca ne vaut que pour la Cisjordanie. Et c'est une vue personnelle.

D'abord, un constat: les Palestiniens ont moins d'espoir que jamais. L'Intifada ne leur a rien rapporte, la mort de Yasser Arafat ne leur a rien rapporte, la fin de l'Intifada ne leur a rien rapporte...

Sur le terrain, l'occupation s'est institutionnalise. C'est plus propre, il y a moins de place pour l'improvisation, donc moins de chances de bavure. Mais le fond du systeme, ses fondations, demeurent et sortent renforces de cette institutionnalisation.

Les checkpoints principaux, qui n'etaient que des blocs de betons avec au mieux un toit de tole il y a 3 ans, sont aujourd'hui des terminaux modernes, dans lesquels on a plus de contact direct avec les soldats. Il y a aussi des toilettes, des panneaux qui se veulent aimables ("Welcome to Atarot terminal", "Have a nice and secure stay in Israel"...). Alors, un progres? Sauf que plus c'est solide, plus ca va durer...alors que des checkpoints comme celui de Qalandia ne sont pas du tout sur la ligne verte, base unique d'un futur reglement de paix. Les checkpoints volants, au coeur de la CIsjordanie, se passent (relativement) plus facilement qu'avant, mais demeurent, et tout le monde s'y habitue. Les colonies du coeur de la Cisjordanie, les routes qui y vont, affichent toujours avec plus d'arrogance la volonte colonisatrice d'Israel: ainsi, au checkpoint de Zatar' (entre Nablus et Ramallah), tous ces drapeaux israeliens et meme une statue geante symbolisant le chandelier a 7 branches des juifs... La encore, on est a plusieurs (dizaines de) kilometres de la ligne verte.

Le Mur avance, tourne, coupe et separe, sans qu'il ne soit possible d'y resister. Il ne tue pas directement, comme le faisaient les incursions, il brise, affame, appauvrit, a moyen terme. Le Mur n'est pas un evenement, c'est un processus.

Moins de spetacle, donc. Moins de sang, moins de tirs, moins de bombardements. C'est propre, carre, ca brille. Pourtant la situation est explosive, entre les travailleurs du public sans salaire depuis un an, les agriculteurs prives de leurs terres et de leurs debouches, la montee de groupes nouveaux et pour le moins radicaux dans la Bande de Gaza...

La "matrice de controle" est toujours plus serree, plus efficace, et fait de moins en moins d'erreur susceptibles de la remettre en cause (morts d'enfants, incursions massives, etc.)

Demain soir, si je trouve un cybercafe qui n'aie pas ete detruit, des nouvelles fraiches de Gaza, et avec une touche d'espoir puisque nous devons y rencontrer les enfants qui viennent en France en juillet.

mercredi, mai 02, 2007

Le "Ministere de la Defense" palestinien


Saida, District de Tulkarem.


Il n'y a pas de Ministere de la Defense palestinien - c'est bien sur interdit par Israel. Puisque l'enjeu du conflit est, principalement, un enjeu de territoire(s), "le Ministere de la Defense palestinien, c'est le Ministere de l'Agriculture". C'est l'idee du jour, qui nous a ete glisee par Thomas, cooperant francais qui travaille au Palestinian Farmers Union, ONG agricole palestinienne. C'etait a Saida, petit village de la region de Tulkarem (Nord ouest de la Cisjordanie).


La resistance a la confiscation des terres (par le Mur, par les colonies...) passe par la resistance des paysans palestiniens a toutes les formes de pression (achats des terres, violences, arrachages, destruction de recoltes, restrictions a l'exportation...) que peut exercer Israel sur eux.


Pour cela, les agriculteurs Palestiniens doivent pouvoir vivre de leur terre. C'est l'idee du PFU: positionner l'huile d'olive (principale production agricole) palestinienne sur de nouveaux marches a l'export, principalement europeens, pour ameliorer la rentabilite des terres. Sur 15 000 tonnes a 20 000 tonnes produites par an en moyenne, 8 000 a 10 000 sont absorbes par le marche interieur palestinien, le reste etant traditionnellement destine a l'export vers les pays voisins. Depuis que la Jordanie a developpe sa propre production et que la marche israelien est ferme par l'Intifada, les Palestiniens se sont trouves dans l'incapacite d'envoyer leur production non consommee localement a l'etranger.


Mais pour concurrencer la production intensive de l'Espagne et de l'Italie, il faut trouver des niches de commercialisation. Ce sera l'excellence, le bio, et le commerce equitable. D'ou un gros et remarquable travail d'organisation en cooperatives des paysans et d'etablissement de normes de qualite.
La morale de l'histoire: achetez de l'hiule d'olive palestinienne.
L'autre morale, qui revient comme une rengaine ces derniers jours, c'est cette parole d'un paysan de Salfit (Nord de la CIsjordanie): il faut arreter de ne montrer de la Palestine que les attentats, les attaques, les pierres, les incursions. Mais faire connaitre le savoir-faire des paysans de la Palestine, la qualification de ses travailleurs, l'imagination de ses artistes, la vie de ses enfants...
On y pensera! :-)
Photo: Vue du moulin cooperatif de Saida, au premier plan un olivier, les taches blanches en bas, ce sont des serres, et le S de sable que l'on devine au loin et au centre, c'est la saignee du Mur.

mardi, mai 01, 2007

Jerusalem selective

En haut a gauche, le Mur, qui disparait derriere la colline. Derriere, la Cisjordanie telle que vue par les Israeliens. En fait, derriere le photographe, la ligne verte est deja a quelques kilometres. En face, un groupe de maison. en haut du chemin blanc. Devant le Mur. Probleme: ils n'ont pas de carte d'identite de Jerusalem. AUtre probleme: le Mur les coupe de la Cisjordanie, dont ils ont les papiers d'identites. Si un des membres des 40 familles qui habitent la met le nez dehors, c'est un peu comme si un palestinien de Jenin se balladait a Tel Aviv.

40 familles illegales, chez elles. C'est ca, entre autres, la "matrice de controle".

(voir compte rendu de la rencontre avec l'ICAHD ci-dessous, et voir photos sur flickr, lien a droite).

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Rencontre du mardi 1er mai, Jerusalem

International Comitee Against House Demolition.

Pour Jeff Halper, fondateur de l'ICAHD, les destructions de maisons dans la wone de Jerusalem Est font partie integrante de ce qu'il appelle la "matrice de controle" des Palestiniens par les Israeliens, avec d'autres outils (Mur, Colonies, frontieres, etc.). Les moyens utilises par l'ICAHD pour lutter contre ces demolitions sont a la fois legaux (proces, appels...) et physiques (desobeissance civile).

Caterina souligne l'importance des cartes pour comprendre les enjeux et avoir une vision globale de la matrice (voir cartes sur CDRom).

LES ACCORDS D'OSLO
Les accords d'Oslo ont cree differentes zones en Cisjordanie : zones C, sous controle total israelien, zones B, sous controle militaire israelien, et zones A, sous controle total palestinien. Cependant, depuis le debut de l'Intifada, l'armee israelienne entre regulierement dans les zones A (Naplouse, Jericho, Ramallah...). Le deplacement pour les Palestiniens est complique par ce decoupage, puisqu'ils doivent passer par une zone C pour rejoindre deux zones A. La multiplication des checkpoints entraine donc la necessaire recherche de routes alternatives, plus longues et difficiles.

LES COLONIES
Les Israeliens ont une perception differente de ce qui est une colonie au regard du droit international. Il faut distinguer les colonies ideologiques, comme celles d'Hebron, ou du Saint Bassin pres de la Vieille Ville de Jerusalem, des colonies economiques, comme Ariel ou Maale Adunim. Dans ces dernieres, les habitants ne se considerent pas comme des colons, et ils ne sont pas consideres par l'opinion publique israelienne comme tels. Pourtant, ils sont implantes largement a l'est de la ligne verte de 1967, mais beneficient d'une continuite territoriale avec Israel et d'infrastructures modernes fournies egalement par Israel. Ainsi, les habitants de Modiin Ilit (35 000 personnes) sont a une vingtaine de minutes de Tel Aviv. La tres bonne qualite du reseau routier deservant la Cisjordanie (pour les Israeliens) incitent a un mouvement vers l'est : les colons ne vivent pas l'enclavement. Sharon a par ailleurs entrepris une politique de modification de la signalisation routiere sur ces routes, avec un bannissement total de toute reference aux villages palestiniens longes ou approches. Les colons oublient ainsi toute trace de l'occupation.

Les colonies, dont certaines representent une seule maison prise par des colons (qui achetent a prix d'or des maisons de palestiniens isoles, par exemple par le Mur, avec des fonds provenant entre autres de Moskovitch ou d'Abramovitch, milliardaires russes et americains), permettent d'eviter a court et moyen terme la separation de Jerusalem Est pour devenir capitale d'un Etat palestinien.

MAALE ADUNIM
Maale Adunim est une immense colonie a l'est de Jerusalem. 33 000 personnes y vivent, en majorite des jeunes couples attires par le prix de l'immobilier et les conditions de vie. Les habitants ne paient pas de taxes pendant les 5 ans suivant leur arrivee, les appartement s'achetent ou se louent en moyenne 50% moins cher qu'a Jerusalem centre, l'eau leur est facturee au prix agricole (alors qu'on est en plein desert, la colonie regorge d'espaces verts, d'arbres et de fleurs...), les ecoles sont subventionnees et de bonne qualite... Autant d'argument qui attirent les jeunes menages. D'une surface plus importante que Tel Aviv (53km2 vs 51km2), les habitants de Maale Adunim consomment 5 fois plus d'eau que les Palestiniens alentour. L'objectif est de doubler le nombre d'habitants en 5 ans. Le Mur, en construction, englobe Maale Adunim et toutes les petites colonies autour, presque jusqu'a Jericho. Or ce trace menace la continuite territoriale d'un eventuel Etat Palestinien, le fractionnant entre le Nord et le Sud (sans oublier Gaza).

JERUSALEM
Jerusalem est fictivement separe par la ligne verte de 1967. C'est un point cle des negociations, car un Etat palestinien ne peut etre viable sans Jeursalem pour capitale (40% de l'economie palestinienne, notamment grace au tourisme). Tous les "quartiers juifs" a l'est de la ligne verte (a l'exception du quartier juif historique de la Vieille Ville) doivent etre consideres comme des colonies. Il y en a trois "cercles", qui separent Jerusalem de la Cisjordanie. Le premier concerne les maisons de particuliers dans et autour de la Vieille Ville. Un second est constitue de petites colonies au milieu des quartiers palestiniens de Jerusalem Est. Une colonie toute neuve, Nov Zion, avec vue sur la Vieille Ville, est entouree d'habitations palestiniennes. Pourtant, sur la publicite, la seule chose qu'on lit est "achetez un appartement a 10 minutes du Mur des Lamentations". Aucune trace du caractere doublement illegal (au regard du droit international et des accords d'Oslo) de l'implantation. Enfin, un troisieme cercle rassemble les grands blocs tels Maale Adounim ou Har Oma au sud.

Les habitants palestiniens de Jerusalem Est sont en difficulte. Alors qu'ils paient 32% des taxes de Jerusalem, leur territoire ne beneficie que de 8% des depenses de la Municipalite, destructions de maisons palestiniennes incluses. A l'Ouest, on trouve 36 piscines publiques. A l'Est, 0. Le contraste entre l'etat des routes est saisissant.

Les Palestiniens qui ont une carte d'identite de Jerusalem mais qui sont separes de la Ville par le Mur essaie de demenager a l'interieur du trace du Mur. Or, leurs demandes de permis (5000$) sont quasi-automatiquement refusees. Les nouveaux venus, commes les jeunes, construisent donc illegalement...et prennent le risque de voir leur maison detruite par l'armee. Alors que les villages palestiniens de Jerusalem Est sont satrues, Israel bloque des "zones vertes" entre ces villages, qui ne peuvent etre amenagees autrement qu'en espaces verts (pas d'agriculture). Or ces zones vertes representent 54% de Jerusalem Est. Avec la surface occupee par les colonies, il reste peu de place pour les Palestiniens (voir cartes).

DEUX ETATS?
La presence de plus de 400 000 Israeliens a l'est des frontieres de 1967 et l'encerclement de Jerusalem par des colonies rend impossible la solution de deux Etats independants. La solution d'un seul Etat commun n'a aucun echo en Israel. Reste la possibilite d'un Etat pratiquant l'apartheid, avec la domination d'un peuple sur l'autre.

lundi, avril 30, 2007

Chaud-froid

Finalement je m'apercois que plus je viens, plus je perd mon regard naif, moins les checkpoints me font d'effet, moins le Mur me parait grand, et donc moins je vous ecris des choses susceptible de vous faire vibrer. De l'analyse au detriment de l'emotion, au mieux. Plus rien, au pire.

Bon, aujourd'hui, apres avoir recupere Manu et Odile (Lara arrive cette nuit), entre deux allers-retours Ramallah afin de trouver des bonnes places pour les stagiaires, on a rencontre J., du Service de Cooperation et d'Action Culturelle du Consulat francais a Jerusalem. Ca commence par une douche froide : "votre demande de coordination (demarche du consulat aupres des autorites israeliennes, ndlr) pour Gaza est faite. Vous entrez a 8h30 samedi, vous avez ensuite une journee et demie de travail, vous devez imperativement sortir a 15h dimanche". S'ensuit une description coloree de la situation dans la Bande. Tout s'effondre. Plus de presence occidentale, a part le Centre Culturel Francais, MSF et MDM. Plus de journalistes. Impossible de trouver Alan Johnston (d'habitude, ce sont les francais qui s'occupent de ces affaires). On est passe au dessus des 80% de la population sous le seuil de pauvrete. Plus aucune securite, pour personne. Avec quelques exemples des dernieres "affaires" dont ont ete victimes les occidentaux. Hum. Bonne ambiance. Ca, c'etait pour le froid.

Et puis un grand coup de pied au cul (le chaud). Passe la discussion officielle, echange plus libre, sur l'action gouvernementale francaise en Palestine, et sur l'action des ONG et petites assos comme nous. Apres le passage a vide de ces derniers jours (a quoi ca sert de venir ici et de faire des actions pour la Palestine alors que rien ne bouge, sinon en pire?), J. me remet d'aplomb. L'importance pour les enfants d'avoir une petite fenetre ("mourir avec le sourire" ;-)), de retrouver une certaine normalite, de dissocier leur situation de l'universel. L'importance d'avoir du mouvement, de la vie, des etrangers dans les Territoires pour montrer qu'ils ne sont pas completement oublies.

Et puis cette metaphore, en reponse a ma question sur l'immobilisme du gouvernement francais. "C'est comme un enfant ou une femme battus. Tout le monde sait, personne ne dit rien. Et puis, pour decharger sa conscience, on finit par trouver des excuses, a trouver que la victime l'a bien cherche. Z'ont qu'a arreter d'envoyer des Qassam, apres tout. Et puis la victime qui finit par interioriser. Et c'est fini. L'enjeu est de rompre la spirale, de redonner de la valeur aux Palestiniens a leurs yeux et aux yeux du monde." Yeah, baby.

Pour information, Nicolas Sarkozy a fait le modeste score de 85% ici.

Demain, un petit tour des colonies autour de Jerusalem...

Quelques photos


Je viens de retrouver Emmanuel et Odile (la presidente de l'ASMA, voire ce post) a Jerusalem, fatigues mais passes sans souci a Ben Gurion (l'aeroport israelien).


J'ai rajoute quelques photos sur Flickr (lien a droite). Ce soir, un vrai post.
ALLEZ ROYAL! (faut bien que je participe a la campagne aussi)

dimanche, avril 29, 2007

Inshallah Bukra Mumkin

J'ai passe bien trop de temps devant l'ordi aujourd'hui a (tenter de) regler des "choses serieuses", donc pas de lecture aujourd'hui. Na.

Pour vous consoler, penchez-vous sur la theorie des ensembles. C'est fort joli.

Et pour vous consoler encore (je sens que vous etiez tres tristes, si, si, ne niez pas), dites vous que demain, j'aurais plein de temps pour vous parler de Jerusalem la trois fois Sainte et de l'humeur du Consulat francais.

samedi, avril 28, 2007

Frontieres


Aujourd'hui, deux drames. Pas (encore) de morts, rassurez vous, des enerves, des eclopes, des bebes qui pleurent, mais pas de morts.

Premier drame : le Jourdain. Fleuve frontiere entre la Jordanie et Israel, m'avait-on dit. Du coup, je l'avais un peu fantasme, ce fleuve. Bigre, pour faire frontiere, ca devait etre un sacre fleuve! Je m'etais meme permis quelques blagues de mauvais gout - en prive - sur la traversee a la nage que j'envisageais en cas de refoulement par les israeliens. Et puis le nom du pont suppose l'enjamber : le King Hussein Bridge! Ca a de l'allure, non?

Et bien, en guise de fleuve, je n'ai...rien vu. Pourtant, je vous assure, je suis passe dessus. Je n'ai pas vu une goute d'eau. Tout au plus, apres quelques kilometres de desert, une bande un peu plus verte. Le pont, 1/10eme de notre Pont de Pierre. Un fleuve qui n'est plus qu'un ru (accent circonflexe requis).

Second drame : c'est un probleme mathematique. Prenez 4 canadiens, dont trois jeunes freres et soeurs, deux americains et un francais. Posez les a la meme heure au premier poste frontiere jordanien. Attendez a la sortie. Premier (2h30) : le francais (ouaaaaaaaaaaaaaaaaaais!), suivi de pres d'un americain et d'un canadien (2h45). Attendez encore... Encore... En faites, peut-etre vous attendriez encore. Je suis parti a H+3h30, avant la sortie des 3 canadiens et de l'americain manquants. Leur tort : des bonnes tetes d'arabes. Et une tres mauvaise preparation dans le cas des trois freres et soeurs qui allaient voir de la famille a Bethleem, et debarquaient completement, se perdant dans nos interrogatoires successifs, cachant mal leur anxiete. J'espere qu'ils seront finalement passes. Je ne vous parle meme pas de la situation des Palestiniens sans papiers etrangers, puisque j'ai ete separe d'eux. Pour ce que j'en ai vu, c'est le meme genre d'endroit qu'Erez, qui separe la bande de Gaza d'Israel : un endroit enorme, ou la surveillance est partout (sympa, les Israeliens habilles en civil qui se balladent au milieu des gens...mais oreillette pas tres discrete), et ou les bebes pleurent, les mamans s'enervent, les vieux s'essoufflent...


En ce qui me concerne, donc, un sans faute, avec les couleurs gagnantes pour mon bagage et pour mon passeport. Une gestion parfaite du:
" Will you go to West Bank?
- Where?
- West Bank, you know...
- NO NO NO my god!"

Puis c'est la traversee du desert, quelques camps de bedouins sans vie sur le bord de la route, premier checkpoint, Jerusalem, deuxieme checkpoint, Ramallah, dormir, dormir, parce que ce passage, malgre tout, reste un moment de stress intense.

Ce soir, peut etre une conference a Jericho. Ou peut-etre un narguile a Ramallah.

Et demain on passe aux choses serieuses.

vendredi, avril 27, 2007

C'est interessant

Trouve chez Gresh:
Pour une politique volontariste de la France au Moyen-Orient et au Maghreb : Propositions aux deux candidats.

Toujours plus a l'est


Train Bordeaux-Paris 7H28.
Reveil 7H51.

Pas de ticket de tram. Controle.

Et puis la pression qui monte, tout au long de la journee.

Mais non, c'est vrai, c'est en Jordanie que tu vas ce soir, a ce stade, tu es vraiment un simple touriste. Et le fait est : formalites ultra-rapide, avion vide, arrivee sans encombre. Ah si, quand meme, pas de liquide en arrivant pour acheter mon visa. Le distributeur est APRES la douane. Je demande a des compatriotesde me preter 10 dinars le temps de passer. Ils m'expliquent que non, parce qu 'ils sont pas surs de me retrouver apres, blablabla. Se sentiront tout cons quand 3 minutes plus tard, je leur sauve le visa en traduisant ce que leur raconte le douanier. Pfff.

Un taxi clandestin plus tard ("the regular taxis are for Ali Baba, yalla, come in my very good taxi"), qui me fait economiser 50% de la course, me voila au centre d'Amman. Entre temps, des panneaux qui indiquent des lieux inedits : "Saudi Border", "Iraqi Border"... Toujours plus a l'est... Peu d'activite en ville a cette heure tardive, je trouve l'hotel voulu presque sans galere. Pas grand monde on dirait. En tout cas pas cher. Et voila.

Ballade ce matin. Les gens ne font pas attention, pas de touristes dans les rues, sensation agreable d'anonymat. Architecturalement pas terrible, mais une ambiance. Par rapport a Ramallah, Jerusalem ou Nablus, on a l'impression que la ville vit, simplement, juste comme une ville. Quelques ruines romaines (cf photos). Se perdre dans le souk, pas tres joli, incomparable avec ceux de Palestine.
Demain, passage vers les territoires palestiniens.

mercredi, avril 25, 2007

Possible, probable, impossible et inacceptable


L'argumentaire de Libé "Les 10 fractures de Sarkozy" n'apporte rien de neuf mais fait une bonne synthèse du programme/bilan de l'artiste.

mardi, avril 24, 2007

Comment gagner?


J'essaie de me mettre dans mes nouveaux habits de (Jeune) Socialiste, tout en gardant un certain recul. J'ai été pas mal "chambré" à la soirée des MJS sur le score de Dominique Voynet (1,7%).

Cependant, attention à la rhétorique du dominant: le vote utile a joué à plein en faveur de Ségolène Royal, et une attitude trop triomphale vis à vis des petits partis de gauche, après les avoir culpabilisé tout au long de la campagne, pourrait finir par agacer.

Tous ces (dorénavant) petits partis ont appelé à voter Royal, avec plus ou moins de nuances. C'est donc du côté de Bayrou, qui représente plus de voix, que Mme Royal s'est tourné dans son discours de Valence hier. Le campagne ne va pas s'infléchir à gauche, mais bien vers la droite, frustrant les électeurs de la gauche du PS...

La fracture n'est peut-être pas resorbée, contrairement à ce que les commentateurs écrivent, entre ceux qui ont voté à l'extrême gauche en 2002 et le PS. Elle pourrait même s'accentuer si la candidate du PS les néglige trop dans cet entre-deux tours. C'est à un numéro de funambule qu'elle doit se livrer, pour assurer mathématiquement sa victoire (et donc aller chercher des électeurs chez Bayrou) sans traumatiser les életeurs de gauche et en donnant un vrai poids politique au PC et aux Verts traumatisés...

"C'est jouable"!

dimanche, avril 22, 2007

Ca va être chaud!


Que dire d'original alors qu'en 1H15 tous les commentateurs se sont déchaînés? Rien...

Euphorie teintée de soulagement et d'appréhension à la soirée post-électorale des Jeunes Socialistes, rien n'est joué, mais c'est pas gagné...

On va voir si Bayrou va au bout de sa rupture! En tout cas, la France n'est plus à gauche comme en 2002, Sarko aura au moins réussi à tirer la couverture à lui, réduisant comme un peau de chagrin le terrain fertile de JMLP. Des manifestations dans l'entre deux tours pour faire barrage à M.Sarkozy? Ca se justifierait, moi je n'y serai pas.

vendredi, avril 20, 2007

Animation, stagiaires et tourisme

http://www.atlastours.net/holyland/jerusalem.jpg

J'ai pas mal de questions ces jours-ci non pas sur mon départ des Verts, qui n'intéresse personne et c'est bien normal, mais sur les raisons de mon voyage au Moyen Orient, sujet tout de même plus intéressant. Pour ceux qui suivraient mon périple (qui commence jeudi prochain!) sur ce blog, voici les différents dossiers à traiter sur place:

1) Le centre de vacances palestino-français, ou franco-palestinien: après une première édition réussie en 2005, et une seconde édition ratée en 2006 (en juillet dernier, les enfants palestiniens n'ont pu sortir de la Bande de Gaza, hermétiquement bouclée par l'armée israélienne), le troisème Camp International F/Pal devrait avoir (aura, soyons optimistes) lieu en juillet prochain, dans cette belle terre qu'est le Morvan. L'idée est de réunir entre 15 et 20 enfants de Khan Yunis (sud de la bande) et le même nombre d'enfants français, pour un séjour de découverte interculturelle et, tout simplement, pour des vacances ensemble. Plusieurs financeurs sont associés sur ce projet, porté par La Brassée, micro-asso brassycoise: l'ASMA (comité d'entreprise du Ministère de l'Agriculture, principal financeur et qui envoie le gros des gamins français), le CCFD, France Libertés, le CG de la Nièvre, le CR de Bourgogne, la Mairie de Brassy... (j'en oublie sûrement, Manu, si tu passes par là...).

L'idée en ce mois de mai était d'emmener une partie de l'équipe d'animation française à Khan Yunis pour quelques jours, afin de préparer le séjour avec l'équipe d'animation palestinienne, rencontrer les enfants, se mettre dans le contexte pour les animateurs qui n'y sont jamais partis, etc.

Mais nous fûmes recalés par le Consulat français (un autre partenaire du projet), qui craint pour la sécurité d'un groupe si important. Plutôt que de partir à 5 pendant 4 jours dans la bande, nous irons à 2 pendant 2 ou 3 jours, ce qui nous permettra d'être plus discrets tout en bossant un peu avec nos partenaires locaux (CFTA, pour les connaisseurs). Hors de ce séjour à Gaza, nous serons (tous les 5, pour le coup) en Cisjordanie, en mission découverte et rencontre de futurs nouveaux partenaires éventuels.

2) Les deux premiers stagiaires du programme FFIPP arriveront le 9 mai, il me revient de les accueillir et de les guider pendant leurs premiers jours vers leur ville de destination.

3) La chargée de mission Méditerrannée de mon futur employeur probable (enfin, pour un stage, ne nous emballons pas), le CCFD, sera en Cisjordanie en même temps que moi pour rencontrer elle-aussi ses partenaires: je me joindrai à elle quelques jours si elle le veut bien.

4) Enfin, un peu de tourisme en Jordanie, les vieilles pierres de Petra et Amman au moins.

N'hésitez pas à poser les questions qui vous taraudent, notamment sur le centre de vacances FPal (je sens bien que j'ai pas été clair, là...). A ce propos, on cherche toujours des animateurs, si vous en connaissez des très très bons dans votre entourage...

On se retrouve dimanche, après les résultats!

Bon week end à toutes et à tous.

jeudi, avril 19, 2007

Pourquoi j'ai quitté les Verts


Ça y’est, c’est fait, j’ai quitté les Verts. Non pas que j’en fusse un pilier, ou que mon activité de ces dernières semaines eût été si intensive que j’entre dans une période de dépression après ce décrochage, mais c’est tout de même une petite révolution personnelle.

Pourquoi, mais pourquoi ? Parce que.

Parce que je me suis senti de plus en plus mal à l’aise avec l’idée d’une candidature autonome aux présidentielles alors que M.Sarkozy s’élevait (dans les sondages) et s’abaissait (dans les propos).

Parce que l’impression que l’ambiance en Gironde est détestable, entre une majorité et une minorité qui ne se parlent que par agression dans la rue ou recours devant le conseil statutaire pour «racisme », « entrisme », « tricherisme » et autres.

Parce que ma seule raison de rester chez les Verts était devenue un hypothétique stage d’attaché parlementaire de Noël Mamère ; raison non seulement morbide, mais aussi insuffisante.

Parce que les affiches de Voynet sont immondes (« Il n’y a qu’une façon de voir la Terre de cette façon. C’est d’être sur la Lune. Ce que sont les écologistes une bonne partie de l’année. », D.Abiker).

Parce que pour le peu que j’ai perçu du parti, faire cohabiter des anarchistes, des bovéistes, des ségolistes, des bayrouistes, des environnementalistes et des voynettistes me parait relever de la gageure (en leur demandant de s’appeler « copains et copines » entre eux, s’il vous plaît !).

Parce que je n’ai pas su faire décoller les Jeunes Verts locaux. Parce que mon adhésion au MJS me permettra de retrouver des terrains communs de travail avec Alex.

J’ai rencontré des gens de grande valeur lors de mon passage éclair chez les Verts, avec qui j’aurais aimé travailler. Mais dans un autre cadre, plus serein.

Depuis que j’ai décidé de partir, Voynet a doublé son score dans les sondages. J’aurais dû quitter le navire plus tôt !

mercredi, avril 18, 2007

Aller ou ne pas aller à Gaza?


Hier, nous avons reçu un mail de l'association Culture et Pensée Libre, de Khan Yunis (sud de la Bande de Gaza), nous informant de leurs inquiètudes quant à notre venue prochaine.

Le kidnapping du correspondant de la BBC, qui pourrait avoir dégénéré, rend tout le monde un peu fébrile: c'est la première fois qu'un kidnapping de ressortissant étranger dure si longtemps, est le fait d'un groupe apparemment difficilement identifiable même pour les autorités palestiniennes et qu'on parle d'execution comme pour ce qui se pratique en Iraq.

Alors, que faire? Y aller quand même, parce que ce serait se soumettre à la règle - et à la volonté - d'une infirme minorité que de reculer? Ou annuler, et se rabattre sur la Cisjordanie (moins intéressant, puisque le projet, c'est avec Khan Yunis qu'on le monte depuis 3 ans...)? Pas simple...

Une petite blague pour alléger l'atmosphère: il y aura une rue Chirac à Ramallah. Alleluia.

PS: Une belle lettre de soutien à Alan J. de la part d'un journaliste palestinien.

mercredi, avril 11, 2007

Teaser

Ce blog va revivre!

Du 29 avril au 17 mai, je vais en Palestine et en Jordanie (changement de programme pour des questions de délais visa avec l'ambassade de Syrie).

En Palestine, le programme comprendra un peu de bande de Gaza (pour préparer la deuxième édition du centre de vacances franco-palestinien qui aura lieu en juillet), un peu de Cisjordanie (où je dois accueillir deux stagiaires) et sans doute un petit tour à Tel Aviv pour voir Eyal et autres.

En Jordanie, pur tourisme, mais j'essaierai quand même de vous dire ce que je vois.

A cette occasion, plutôt que d'inonder des boîtes de reception qui n'ont rien demandé, j'écrirai quelques bafouilles sur Incertain Regard, bien mort depuis quelques mois.

A bientôt donc!

lundi, janvier 29, 2007

Israël-Palestine: ce que l'UE peut faire

Revival! Pour les 8 irreductibles qui continuent de venir quotidiennement sur le site alors que je n'ai rien posté depuis un mois, un article écrit par votre serviteur pour Le Taurillon que je vous livre en avant-première! Commentaires bienvenus!


Dans un article paru le 30 novembre 2006 dans le Palestine Times, Javier Solana, Haut Représentant pour la PESC de l’UE, déplorait la « situation intolérable » des Palestiniens, les assurant qu’il « saisit chaque opportunité de demander aux Israéliens de démanteler les avant-postes [de l’armée israélienne] et les colonies, ainsi que de revoir le tracé de la barrière de séparation. »

Depuis, les Israéliens ont annoncé la construction d’une nouvelle colonie à Maskiot dans la Vallée du Jourdain, le démantèlement « prochain » de 27 checkpoints sur plus de 400 en Cisjordanie, et la situation inter-palestinienne n’a jamais été aussi tendue, notamment dans la Bande de Gaza. D’après le site du Haut Représentant pour la PESC, sa dernière communication de fond concernant la région remonte au 8 novembre 2006, date à laquelle Solana « condamnait dans les termes les plus forts » l’opération israélienne de la veille qui avait coûté la vie à 18 civils à Beit Hanoun.

Est-ce à dire que l’Union Européenne est impuissante à peser sur le cours des évènements au Proche Orient ? A première vue, oui. La difficulté globale de l’Union de parler d’une seule voix en matière de politique étrangère est soulignée dans le cas d’Israël-Palestine par la constance et la force de la voix étatsunienne, qui s’est toujours montrée intransigeante quant à la « sécurité » de l’Etat d’Israël et relativement accommodante quant aux conditions de vie des Palestiniens. Une éventuelle sortie de crise est unanimement perçue comme nécessitant l’appui des Etats-Unis, maîtres du jeu dans la région.

Pourtant, l’Union Européenne n’est pas inactive. Malgré la suspension des aides à l’Autorité Palestinienne depuis la victoire du Hamas en mars 2006, 655 millions de dollars ont été transférés de l’Union vers les territoires palestiniens l’année dernière (soit une augmentation de 19% par rapport à 2005), via divers mécanismes permettant de contourner le gouvernement. Grâce à ce transfert d’argent ainsi qu’à des prises de position plus nuancées que celles des Etats-Unis, l’Union est considérée avec bienveillance par les Palestiniens. En Israël, une majorité de la population reconnaît à l’Europe une position de médiateur fondamental dans la région. Poiurtant, en dépit de ces sympathies, l’Union est perçue comme jouant un rôle marginal dans le processus de paix.

C’est pourquoi l’Union doit se concentrer sur ce qu’elle sait faire : des politiques structurelles bien ciblées, qui misent sur le long terme, plutôt que de pêcher par excès d’ambition à grand renfort de communiqués de presse sans effet.

C’est que le conflit, s’il est essentiellement territorial, est aussi conflit de perceptions. Perceptions de l’Histoire tout d’abord, comme le reconnait l’Initiative pour l’Alliance des Civilisations dans son rapport rendu public le 13 novembre 2006 : le groupe de sages mis en place par Kofi Annan avec le concours des premiers ministres espagnol, José Luis Zapatero, et turc, Recep Tayyip Erdogan, préconise la rédaction d’un Livre blanc du conflit pour accorder « deux narrations en compétition ». Mais aussi perceptions de l’Autre : une paix durable ne s’installera que lorsque l’altérité sera devenue au minimum neutre, et non plus synonyme de dangerosité ou d’hostilité.

Histoire et altérité, auxquelles on pourrait ajouter éducation aux médias et religion : autant de domaines d’études auxquels israéliens et palestiniens gagneraient à travailler ensemble. Cependant, les circonstances actuelles et prévisibles à moyen terme font qu’il leur est quasiment impossible de mettre en place des programmes d’échanges universitaires durables sur le terrain. L’Union a un rôle à jouer : en permettant à des chercheurs et des étudiants israéliens et palestiniens de travailler ensemble, sur son territoire et de concours avec des étudiants et chercheurs européens, elle poserait les bases d’une meilleure connaissance réciproque des deux peuples, préalables à une meilleure entente.

Les lignes budgétaires nécessaires à un tel programme existent partiellement. Le programme Euromed, dont un des trois piliers affirmés dans la déclaration de Barcelone est de « favoriser la compréhension entre les cultures et le rapprochement des peuples dans la région euro-méditerranéenne et développer des sociétés civiles libres et florissantes », le septième Programme Cadre de Recherche et de Développement (PCRD), dont l’Objectif 3 est de « résoudre des problèmes précis auxquels les pays tiers sont confrontés ou des problèmes de portée mondiale » ou même un programme Erasmus élargi sont autant d’outils préexistants qui pourraient permettre, tels quels ou légèrement modifiés, de mettre en place une politique de coopération fructueuse.

En favorisant le rapprochement des communautés universitaires israélienne et palestinienne, l’Union Européenne agirait comme un médiateur de choix et serait hôte de négociations diffuses entre des acteurs influents au sein de leurs systèmes politiques et culturels respectifs. La mise en place d’une telle politique structurelle n’est pas une « solution miracle » et ne saurait se substituer au processus de paix. Cependant, en l’absence de perspectives de négociations à court terme et au vu de la dégradation de la situation sur le terrain, elle permettrait, peut-être, de semer les graines d’une paix future, en s’appuyant sur les leviers de l’éducation et de la culture. Une opportunité à saisir.