Finalement je m'apercois que plus je viens, plus je perd mon regard naif, moins les checkpoints me font d'effet, moins le Mur me parait grand, et donc moins je vous ecris des choses susceptible de vous faire vibrer. De l'analyse au detriment de l'emotion, au mieux. Plus rien, au pire.
Bon, aujourd'hui, apres avoir recupere Manu et Odile (Lara arrive cette nuit), entre deux allers-retours Ramallah afin de trouver des bonnes places pour les stagiaires, on a rencontre J., du Service de Cooperation et d'Action Culturelle du Consulat francais a Jerusalem. Ca commence par une douche froide : "votre demande de coordination (demarche du consulat aupres des autorites israeliennes, ndlr) pour Gaza est faite. Vous entrez a 8h30 samedi, vous avez ensuite une journee et demie de travail, vous devez imperativement sortir a 15h dimanche". S'ensuit une description coloree de la situation dans la Bande. Tout s'effondre. Plus de presence occidentale, a part le Centre Culturel Francais, MSF et MDM. Plus de journalistes. Impossible de trouver Alan Johnston (d'habitude, ce sont les francais qui s'occupent de ces affaires). On est passe au dessus des 80% de la population sous le seuil de pauvrete. Plus aucune securite, pour personne. Avec quelques exemples des dernieres "affaires" dont ont ete victimes les occidentaux. Hum. Bonne ambiance. Ca, c'etait pour le froid.
Et puis un grand coup de pied au cul (le chaud). Passe la discussion officielle, echange plus libre, sur l'action gouvernementale francaise en Palestine, et sur l'action des ONG et petites assos comme nous. Apres le passage a vide de ces derniers jours (a quoi ca sert de venir ici et de faire des actions pour la Palestine alors que rien ne bouge, sinon en pire?), J. me remet d'aplomb. L'importance pour les enfants d'avoir une petite fenetre ("mourir avec le sourire" ;-)), de retrouver une certaine normalite, de dissocier leur situation de l'universel. L'importance d'avoir du mouvement, de la vie, des etrangers dans les Territoires pour montrer qu'ils ne sont pas completement oublies.
Et puis cette metaphore, en reponse a ma question sur l'immobilisme du gouvernement francais. "C'est comme un enfant ou une femme battus. Tout le monde sait, personne ne dit rien. Et puis, pour decharger sa conscience, on finit par trouver des excuses, a trouver que la victime l'a bien cherche. Z'ont qu'a arreter d'envoyer des Qassam, apres tout. Et puis la victime qui finit par interioriser. Et c'est fini. L'enjeu est de rompre la spirale, de redonner de la valeur aux Palestiniens a leurs yeux et aux yeux du monde." Yeah, baby.
Pour information, Nicolas Sarkozy a fait le modeste score de 85% ici.
Demain, un petit tour des colonies autour de Jerusalem...
lundi, avril 30, 2007
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