En haut a gauche, le Mur, qui disparait derriere la colline. Derriere, la Cisjordanie telle que vue par les Israeliens. En fait, derriere le photographe, la ligne verte est deja a quelques kilometres. En face, un groupe de maison. en haut du chemin blanc. Devant le Mur. Probleme: ils n'ont pas de carte d'identite de Jerusalem. AUtre probleme: le Mur les coupe de la Cisjordanie, dont ils ont les papiers d'identites. Si un des membres des 40 familles qui habitent la met le nez dehors, c'est un peu comme si un palestinien de Jenin se balladait a Tel Aviv.
40 familles illegales, chez elles. C'est ca, entre autres, la "matrice de controle".
(voir compte rendu de la rencontre avec l'ICAHD ci-dessous, et voir photos sur flickr, lien a droite).
------------------------------------
Rencontre du mardi 1er mai, Jerusalem
International Comitee Against House Demolition.
Pour Jeff Halper, fondateur de l'ICAHD, les destructions de maisons dans la wone de Jerusalem Est font partie integrante de ce qu'il appelle la "matrice de controle" des Palestiniens par les Israeliens, avec d'autres outils (Mur, Colonies, frontieres, etc.). Les moyens utilises par l'ICAHD pour lutter contre ces demolitions sont a la fois legaux (proces, appels...) et physiques (desobeissance civile).
Caterina souligne l'importance des cartes pour comprendre les enjeux et avoir une vision globale de la matrice (voir cartes sur CDRom).
LES ACCORDS D'OSLO
Les accords d'Oslo ont cree differentes zones en Cisjordanie : zones C, sous controle total israelien, zones B, sous controle militaire israelien, et zones A, sous controle total palestinien. Cependant, depuis le debut de l'Intifada, l'armee israelienne entre regulierement dans les zones A (Naplouse, Jericho, Ramallah...). Le deplacement pour les Palestiniens est complique par ce decoupage, puisqu'ils doivent passer par une zone C pour rejoindre deux zones A. La multiplication des checkpoints entraine donc la necessaire recherche de routes alternatives, plus longues et difficiles.
LES COLONIES
Les Israeliens ont une perception differente de ce qui est une colonie au regard du droit international. Il faut distinguer les colonies ideologiques, comme celles d'Hebron, ou du Saint Bassin pres de la Vieille Ville de Jerusalem, des colonies economiques, comme Ariel ou Maale Adunim. Dans ces dernieres, les habitants ne se considerent pas comme des colons, et ils ne sont pas consideres par l'opinion publique israelienne comme tels. Pourtant, ils sont implantes largement a l'est de la ligne verte de 1967, mais beneficient d'une continuite territoriale avec Israel et d'infrastructures modernes fournies egalement par Israel. Ainsi, les habitants de Modiin Ilit (35 000 personnes) sont a une vingtaine de minutes de Tel Aviv. La tres bonne qualite du reseau routier deservant la Cisjordanie (pour les Israeliens) incitent a un mouvement vers l'est : les colons ne vivent pas l'enclavement. Sharon a par ailleurs entrepris une politique de modification de la signalisation routiere sur ces routes, avec un bannissement total de toute reference aux villages palestiniens longes ou approches. Les colons oublient ainsi toute trace de l'occupation.
Les colonies, dont certaines representent une seule maison prise par des colons (qui achetent a prix d'or des maisons de palestiniens isoles, par exemple par le Mur, avec des fonds provenant entre autres de Moskovitch ou d'Abramovitch, milliardaires russes et americains), permettent d'eviter a court et moyen terme la separation de Jerusalem Est pour devenir capitale d'un Etat palestinien.
MAALE ADUNIM
Maale Adunim est une immense colonie a l'est de Jerusalem. 33 000 personnes y vivent, en majorite des jeunes couples attires par le prix de l'immobilier et les conditions de vie. Les habitants ne paient pas de taxes pendant les 5 ans suivant leur arrivee, les appartement s'achetent ou se louent en moyenne 50% moins cher qu'a Jerusalem centre, l'eau leur est facturee au prix agricole (alors qu'on est en plein desert, la colonie regorge d'espaces verts, d'arbres et de fleurs...), les ecoles sont subventionnees et de bonne qualite... Autant d'argument qui attirent les jeunes menages. D'une surface plus importante que Tel Aviv (53km2 vs 51km2), les habitants de Maale Adunim consomment 5 fois plus d'eau que les Palestiniens alentour. L'objectif est de doubler le nombre d'habitants en 5 ans. Le Mur, en construction, englobe Maale Adunim et toutes les petites colonies autour, presque jusqu'a Jericho. Or ce trace menace la continuite territoriale d'un eventuel Etat Palestinien, le fractionnant entre le Nord et le Sud (sans oublier Gaza).
JERUSALEM
Jerusalem est fictivement separe par la ligne verte de 1967. C'est un point cle des negociations, car un Etat palestinien ne peut etre viable sans Jeursalem pour capitale (40% de l'economie palestinienne, notamment grace au tourisme). Tous les "quartiers juifs" a l'est de la ligne verte (a l'exception du quartier juif historique de la Vieille Ville) doivent etre consideres comme des colonies. Il y en a trois "cercles", qui separent Jerusalem de la Cisjordanie. Le premier concerne les maisons de particuliers dans et autour de la Vieille Ville. Un second est constitue de petites colonies au milieu des quartiers palestiniens de Jerusalem Est. Une colonie toute neuve, Nov Zion, avec vue sur la Vieille Ville, est entouree d'habitations palestiniennes. Pourtant, sur la publicite, la seule chose qu'on lit est "achetez un appartement a 10 minutes du Mur des Lamentations". Aucune trace du caractere doublement illegal (au regard du droit international et des accords d'Oslo) de l'implantation. Enfin, un troisieme cercle rassemble les grands blocs tels Maale Adounim ou Har Oma au sud.
Les habitants palestiniens de Jerusalem Est sont en difficulte. Alors qu'ils paient 32% des taxes de Jerusalem, leur territoire ne beneficie que de 8% des depenses de la Municipalite, destructions de maisons palestiniennes incluses. A l'Ouest, on trouve 36 piscines publiques. A l'Est, 0. Le contraste entre l'etat des routes est saisissant.
Les Palestiniens qui ont une carte d'identite de Jerusalem mais qui sont separes de la Ville par le Mur essaie de demenager a l'interieur du trace du Mur. Or, leurs demandes de permis (5000$) sont quasi-automatiquement refusees. Les nouveaux venus, commes les jeunes, construisent donc illegalement...et prennent le risque de voir leur maison detruite par l'armee. Alors que les villages palestiniens de Jerusalem Est sont satrues, Israel bloque des "zones vertes" entre ces villages, qui ne peuvent etre amenagees autrement qu'en espaces verts (pas d'agriculture). Or ces zones vertes representent 54% de Jerusalem Est. Avec la surface occupee par les colonies, il reste peu de place pour les Palestiniens (voir cartes).
DEUX ETATS?
La presence de plus de 400 000 Israeliens a l'est des frontieres de 1967 et l'encerclement de Jerusalem par des colonies rend impossible la solution de deux Etats independants. La solution d'un seul Etat commun n'a aucun echo en Israel. Reste la possibilite d'un Etat pratiquant l'apartheid, avec la domination d'un peuple sur l'autre.
mardi, mai 01, 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire