mardi, mai 08, 2007

Contre le pathos


On m'ecrit que mes comptes rendus de rencontre sont trop longs (j'avoue, j'avais promis) et manquent d'emotion, de rencontre, de spontaneite.


Je plaide partiellement coupable (ca doit etre moyennement juridiquement viable, ca). Le compte rendu de la rencontre avec Warschawski hier etait long et sans doute arride, je n'ai pas pris le temps de l'enrober un peu. Soit.
Je crois que dans un voyage "politique" comme celui-la, l'emotion dessert plus qu'elle ne sert. Bien sur, c'est plus facile a lire. Pauvres enfants enfermes, pauvres fermiers prives de leur terre, pauvres mourants bloques au checkpoints, pauvre, pauvre de nous, qu'avons nous fait! Et vous, vous lisez ca, et vous vous dites:


1) Il y a des gens qui ont l'air de souffrir, la-bas

2) Dans quel etat il va rentrer, le gamin

3) En tout cas, j'ai pas envie d'y aller


Et moi j'ai echoue a vous montrer (un peu) l'aspect politique et systematique du conflit. L'humain est au coeur de nos projets : le centre de vacances francopalestinien n'est qu'humain, et si on se met a y penser en terme politique, a quoi bon sortirpermettre la rencontre entre 15 gamins palestiniens et 15 francais alors que 500 000 autres gamins sont en train de mourir dans la Bande de Gaza? Mais si je ne faisais que mettre bout a bout des histoires tragiques de familles avec deux martyrs, trois prisonniers et un handicape, on ne decollerait pas. Venez voir, pour ca, je vous y invite sincerement. Ou juste, venez voir les gamins au centre de vacances (ouvert a tous!) en juillet, discutez avec eux.


Aujourd'hui, mon objectif est de prendre un peu de recul par rapport a cette situation. Si on ne prend pas un peu de hauteur (physiquement : de haut, on voit mieux certaines choses), on passe completement a cote du systeme, dans tous les sens du terme, que represente l'occupation. Et ce serait dommage, parce que la situation ici, est POLITIQUE avant, bien avant, d'etre HUMANITAIRE. Les Palestiniens n'ont pas (quoique, ca commence) besoin de sacs de farine, mais de liberte. Ils n'ont pas besoin de nos larmes, mais de notre action concrete.


L'un - le recul - ne devrait pas etre exclusif de l'autre - l'emotion-. Je vais faire un effort pour faire taire le monstre froid qui est en moi, et retrouver un peu de naivete.

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