Il est sans doute preferable de parler de l'evolution de la situation aujourd'hui, c'est a dire avant demain, jour de notre depart pour Gaza.
La question revient : "c'est comment par rapport a avant?". Avant, pour moi, c'est seulement 2004, 2005, 2006: ca relativise la pertinence de la comparaison. Et ca ne vaut que pour la Cisjordanie. Et c'est une vue personnelle.
D'abord, un constat: les Palestiniens ont moins d'espoir que jamais. L'Intifada ne leur a rien rapporte, la mort de Yasser Arafat ne leur a rien rapporte, la fin de l'Intifada ne leur a rien rapporte...
Sur le terrain, l'occupation s'est institutionnalise. C'est plus propre, il y a moins de place pour l'improvisation, donc moins de chances de bavure. Mais le fond du systeme, ses fondations, demeurent et sortent renforces de cette institutionnalisation.
Les checkpoints principaux, qui n'etaient que des blocs de betons avec au mieux un toit de tole il y a 3 ans, sont aujourd'hui des terminaux modernes, dans lesquels on a plus de contact direct avec les soldats. Il y a aussi des toilettes, des panneaux qui se veulent aimables ("Welcome to Atarot terminal", "Have a nice and secure stay in Israel"...). Alors, un progres? Sauf que plus c'est solide, plus ca va durer...alors que des checkpoints comme celui de Qalandia ne sont pas du tout sur la ligne verte, base unique d'un futur reglement de paix. Les checkpoints volants, au coeur de la CIsjordanie, se passent (relativement) plus facilement qu'avant, mais demeurent, et tout le monde s'y habitue. Les colonies du coeur de la Cisjordanie, les routes qui y vont, affichent toujours avec plus d'arrogance la volonte colonisatrice d'Israel: ainsi, au checkpoint de Zatar' (entre Nablus et Ramallah), tous ces drapeaux israeliens et meme une statue geante symbolisant le chandelier a 7 branches des juifs... La encore, on est a plusieurs (dizaines de) kilometres de la ligne verte.
Le Mur avance, tourne, coupe et separe, sans qu'il ne soit possible d'y resister. Il ne tue pas directement, comme le faisaient les incursions, il brise, affame, appauvrit, a moyen terme. Le Mur n'est pas un evenement, c'est un processus.
Moins de spetacle, donc. Moins de sang, moins de tirs, moins de bombardements. C'est propre, carre, ca brille. Pourtant la situation est explosive, entre les travailleurs du public sans salaire depuis un an, les agriculteurs prives de leurs terres et de leurs debouches, la montee de groupes nouveaux et pour le moins radicaux dans la Bande de Gaza...
La "matrice de controle" est toujours plus serree, plus efficace, et fait de moins en moins d'erreur susceptibles de la remettre en cause (morts d'enfants, incursions massives, etc.)
Demain soir, si je trouve un cybercafe qui n'aie pas ete detruit, des nouvelles fraiches de Gaza, et avec une touche d'espoir puisque nous devons y rencontrer les enfants qui viennent en France en juillet.
vendredi, mai 04, 2007
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