jeudi, novembre 30, 2006

Bienvenue dans la Nation Québécoise! Mais où êtes vous?


Il y a quelques jours, la Chambre des Communes du Canada a reconnu le Québec comme une nation à part entière. Cette reconnaissance, qui fait couler beaucoup d'encre au Canada anglophone comme au Québec, est le fruit de la volonté du Premier Ministre fédéral conservateur, Stephen Harper, qui a ainsi voulu couper l'herbe sous le pied du Parti Libéral du Canada (fédéral aussi) qui s'apprêtait à voter une motion dans ce sens lors de son congrès de résurrection qui se tient en ce moment même.

Au Québec même, la résolution divise, entre les fédéralistes qui sont ravis et trouvent que c'est un progrès notable qui doit ramener les Québecois dans le giron de la fédération (puisque celle-ci reconnaît la spécificité du Québec, plus besoin d'indépendance) et les souverainistes qui ne voient là qu'un "caramel" jeté aux Québécois pour faire taire leurs ardeurs nationalistes.

Les enjeux de cette résolution, qui ne devrait pas se traduire par un transfert de compétences vers la Province, sont multiples: la motion reconnaît que "les Québécois forment une nation". Mais qu'est ce qu'un Québécois? Quelqu'un qui vit au Québec? Un francophone? Un descendant des colons français? Pourquoi les autochtones, reconnus en tant que "peuple" mais non en tant que nation, ne peuvent accèder à ce statut?

Pour les anglophones du reste du Canada, cette reconnaissance risque de rouvrir la boîte de Pandorre constitutionnelle. En effet, le Québec n'a pas reconnu la Constitution canadienne rapatriée en 1981, estimant qu'elle ne respecte pas "l'esprit constitutionnel de 1867" selon lequel (pour les souverainistes) le Québec aurait des compétences supérieures.

Bref, loin de faire taire la question de la souveraineté, il semble que le vote de cette motion la ravive, en cristallisant l'opposition des anglophones des autres Provinces (pour qui il est inconcevable que le Québec ait un statut différent au sein de la fédération) et celle des souverainistes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le Québec reconnu hier comme une "nation au sein d'un Canada uni", plus d'un Ecossais sur deux et 3 Anglais sur 4 se disent favorables à une indépendance de l'Ecosse dans un sondage pour le Sunday Telegraph (et le chef de l’église catholique en Ecosse, le Cardinal Keith O Brien se déclare favorable à l’indépendance de l’Ecosse): c'est une évolution positive. Finalement, dans le concert des nations, plus on est de fous, plus on a de chances de voir émerger de nouvelles idées. Je suis en général en faveur du morcellement des Etats, car j'ai la très nette impression qu'il est plus facile de réformer dans les petits pays (Nouvelle Zélande, Singapour, Hong Kong, Irlande, Estonie, Pays Bas,...). Je parierai donc sur le fait que ce "décrochage" de l'Ecosse les fasse réagir, et ce d'autant plus vivement et dans la bonne direction qu'ils seront petits.

Anonyme a dit…

Une motion du parlement n'a évidement aucune valeur effective ou légale, d'ou le fait qu'il s'agisse effectivement d'un "caramel" lancé aux nationalistes québécois. Ces derniers recherchent davantage de pouvoirs réels pour le Québec, pas un mot stratégique dit du bout des lèvres par des politiciens qui ne le croient pas vraiment.

D'ailleurs, il est intéressant de se pencher sur la sémantique de la version anglaise de la motion présentée par Harper. Elle mentionne les "quebecois" plutot que les "quebeckers", qui est traditionellement le terme utilisé dans la langue de Shakespeare pour définir les TOUS les habitant de la Belle Province, peu importe leur langue d'usage ou leur religion. En anglais, à l'opposé de "quebeckers", le terme "québécois" réfère plutot à la minorité canadienne-francaise vivant au Québec! Il n'est donc plus question d'un territoire national défini en tant qu'état, mais d'une population...

Au Québec, 72% de la population croit que les québécois forment une nation. Au Canada anglais, l'appui à la nation tombe à 23%...

Si les Québécois forment une Nation, alors le parlement doit enchasser cela dans la loi constitutionelle, ce qui n'arivera évidement pas.

Le souverainisme québécois est celu de l'attente. Mais cette histoire de nation pourait bien accélérer les chose, un peu...

Une nation c'est bon, mais un pays c'est mieux!